Il y a quelque chose d'insolent et de lumineux chez les gens heureux. Un petit supplément d'âme qui les rend attirants, magnétiques, captivants. On les envie, on les jalouse beaucoup puis on s'incline, charmés, devant leur allégresse. Pauline Lefèvre appartient à cette catégorie d'élus. De splendides veinards aux rires contagieux. Des magnifiques. Elle le sait. A bientôt 40 ans, la comédienne mène la vie nomade dont elle rêvait, entre Paris et la Bourgogne, dans une vieille maison qu'elle retape avec son mari, le réalisateur Julien Ansault, fils de l'actrice et humoriste Chantal Ladesou, épousé en 2013.
« La première sortie d'autoroute est à 45 minutes, ici on est tranquille. » Quand elle se raconte installée dans son jardin qui se teinte déjà de vert et de jaune comme un tableau de Monet, la bande son est constituée de gazouillis d'oiseaux et de bébés. Elle parle avec une franchise rafraîchissante et revigorante, et confie : « Chantal est une super grand-mère qui a déjà gardé les bébés. Elle les adore ». D'ailleurs, Léopoldine et Hugues, 5 mois à peine, se sont réveillés en même temps – l'étrange symbiose des jumeaux – et réclament les bras de leur mère.
« Dans cet endroit, je me sens comme dans une bulle. C'est un paradis, reconnaît-elle tout en s'occupant de ses petits. Pendant le premier confinement, j'ai eu la chance de passer ma grossesse dans ce lieu magique. J'ai ressenti une telle sérénité, c'était une évidence qu'on devait rester ici. On a profité de ce temps suspendu pour ranger la maison, classer les photos, repeindre deux vieux berceaux de famille. Julien a calfeutré la maison pour l'isoler des courants d'air et monté une cloison pour créer une chambre d'enfants, on a aussi installé un potager en permaculture. »
Alors qu'elle était suivie à l'hôpital Necker, à Paris, spécialiste dans les grossesses gémellaires et tardives, Pauline a décidé de se faire confiance. De suivre son instinct et d'accoucher à Auxerre. « Tout s'est super bien passé. Je suis arrivée presque au terme de ma grossesse et j'ai mis au monde le plus simplement et naturellement mes enfants. » Le bonheur de la maternité, l'actrice l'a découvert à 39 ans et s'en délecte tous les jours.
« Je regarde mes bébés grandir, découvrir le monde qui les entoure. J'ai décidé de les allaiter et surtout ne pas me poser trop de questions. Je me sens si chanceuse de pouvoir vivre ces moments privilégiés, malgré le contexte catastrophique, entre autres pour nos métiers de la culture. J'ai l'impression d'être une maman louve qui les protège de toutes les ondes négatives. » Elle s'avoue aussi admirative de son homme qui a trouvé facilement sa place dans cette cellule familiale, ce qui n'est toujours pas évident pour un papa de jumeaux. « Il nous protège, confie-t-elle. On construit ensemble l'éducation que l'on veut donner à nos bébés. Etapes par étape. »
Le goût de la nature, du voyage, la découverte d'autres cultures appartiennent à ces valeurs qu'ils veulent leur transmettre. Depuis qu'ils se connaissent, Pauline et Julien ne conçoivent pas leur existence sans les mots aventure, évasion, liberté. Longtemps, ils ont parcouru à moto la France, l'Asie, l'Inde, avec le minimum de bagages. Sans contraintes. Désormais, ils envisagent leur équipée sauvage autrement. Ils ont investi dans un van et l'aménagent à leur rythme et à celui des bébés. Il était ainsi prévu que les jumeaux suivent Pauline dans sa tournée de théâtre en province, périple reporté jusqu'à nouvel ordre…
En attendant, ils sont déjà partis plusieurs fois dans le Jura et dans les Alpes – « Ç'a été très simple », raconte Pauline – et envisagent d'autres excursions à l'avenir. Mais surtout, ils veulent élever au maximum leurs enfants loin du bruit et de la fureur de la capitale, pensent qu'il y a un nouveau mode de vie à inventer où les notions de slow life, de durable, de local et de solidarité prennent leur sens. Ils ont certainement raison. « Je voudrais que Léopoldine et Hughes apprennent qu'être au milieu de la nature, c'est être à sa place. » Pauline, elle, l'a trouvée.
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