La crise sanitaire a fortement bouleversé les salles de cinéma, contraintes de fermer leurs portes jusqu'à nouvel ordre. Face à cette situation inédite, Thierry Frémaux, directeur artistique de l'Institut Lumière et directeur général du festival de Cannes, est monté au créneau.
Pour la célébration du 125ème anniversaire de la première séance de cinéma payante en France, Thierry Frémaux a lancé un vibrant appel à sauver les salles. Dans les colonnes du JDD, il exhorte le gouvernement à rouvrir les cinémas. Egalement invité au micro de RTL, le directeur du Festival de Cannes a déploré le fait que le cinéma et le théâtre "ne soient pas considérés comme essentiels à nos vies."
"Le 28 décembre, les salles de cinéma auront donc 125 ans. Et cette célébration se fera avec tristesse. Car pour la première fois elles sont en danger. Ce que deux guerres mondiales n'ont pu faire, un virus y est parvenu, insidieusement, dans un stop-and-go infernal. Deux fois, en 2020, les cinémas ont fermé leurs portes et éteint leurs écrans. Il y aurait eu, lundi, meilleure manière de les fêter. Comme si cela ne suffisait pas, les exploitants et les amoureux des salles doivent regarder les plateformes faire main basse sur les trésors de famille, les films, les cinéastes et les cinéphiles. .
Du côté des éditorialistes, plutôt que le énième papier sur la mort du cinéma, on aurait aimé une pensée tendre, quelques paroles de reconnaissance, que soit redit ce que le septième art apporte à la civilisation. Dans l'attente fébrile de 2021, les spectateurs, eux, ont parlé. Ils sont revenus lors du premier déconfinement, ils étaient prêts à le faire à nouveau le 15 décembre pour le deuxième, et ils reviendront à la première occasion. Lumière a inventé les salles, le public les réinvente, c'est sa présence qui en fait la magie. Il eut ce 28 décembre 1895 la bonne intuition : ce dont les gens avaient besoin, c'était d'être ensemble pour partager les émotions du monde. Les plateformes, qui ne peuvent pas se passer de nous, ne sont pas la revanche d'Edison : la télévision est là depuis les années cinquante. Le cinéma en a vu d'autres.
Car d'émotions collectives, nous avons toujours besoin. Dans leur absence, les salles, qui sont nos maisons, nos églises et nos rituels, n'ont jamais été aussi présentes. Quand nous reverrons-nous? Bientôt, il le faut. Nous voulons retourner dans un cinéma où il n'y a pas de bouton "Pause". Voir, sur un grand écran, un film que nous découvrirons. Assis à côté de quelqu'un que nous ne connaissons pas. Retrouver les promesses que le cinéma a toujours tenues et qui ne disparaîtront jamais."
Retrouvez la lettre complète de Thierry Frémaux dans Le JDD.
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