12 mai 2022

Bande-annonce de The Duke

Si vous êtes fans de faits divers improbables et des longs métrages qui en sont inspirés, alors la comédie dramatique The Duke, en salles aujourd'hui, devrait vous convenir. Car ce long métrage, aussi drôle qu'émouvant, revient sur une histoire dont on a peine à croire qu'elle s'est vraiment déroulée.

The Duke raconte ainsi la rocambolesque aventure de Kempton Bunton, chauffeur de bus sexagénaire à la retraite (chauffeur de taxi dans le film) qui, en 1961, déroba à la National Gallery de Londres le portrait du Duc de Wellington peint par Goya. Après ce vol de très grande ampleur, le Britannique envoya des notes de rançon, menaçant de ne rendre le tableau qu’à condition que le gouvernement rende l’accès à la télévision gratuit pour les personnes âgées.

Inoffensif mais excentrique retraité, Kempton Bunton, sorte de Robin des Bois des temps modernes, va alors se retrouver avec toutes les polices britanniques aux trousses. Car imaginez : à l'époque, personne n'avait dérobé un seul objet de la National Gallery depuis sa création en 1824. Et personne n'en a d'ailleurs volé un depuis cet illustre larcin.

C’est Christopher Bunton, le petit-fils de Kempton, qui a contacté la productrice Nicky Bentham pour lui partager l’histoire de son grand-père et lui faire part de son souhait de la porter à l'écran. "Malgré les échecs constants que la vie lui a infligés, Kempton était un éternel optimiste et un activiste. Partout, nous avons besoin de gens comme lui, qui mettent toujours des bâtons dans les roues des autorités et remettent en question tout ce qu’on leur ordonne d’accepter", explique le regretté réalisateur Roger Michell, à qui l'on doit notamment Coup de foudre à Notting Hill.

"Toute cette histoire porte un message puissant magnifiquement transmis par les scénaristes", ajoute Jim Broadbent, qui incarne avec talent ce personnage haut en couleurs disparu en 1976. "Kempton a eu le courage de risquer sa peau pour le bien des autres, car c’était dans sa nature de prendre soin de son prochain. C’est un personnage complexe et totalement ambivalent. Il est intègre, mais légèrement bête. Il a toujours de bonnes intentions mais il se trompe aussi !"

Grand défenseur des plus faibles et des plus vulnérables, Kempton Bunton, qui se préoccupait en particulier du sort des personnes âgées, a fait de la prison à deux reprises pour avoir refusé de payer les redevances de la BBC. Et l'issue de son très médiatisé procès après qu'il se soit rendu de lui-même aux autorités ? Pour la connaître, il faudra aller découvrir en salles The Duke, charmante fable so british dont il serait dommage de se priver. 

11 mai 2022

Madonna sort trois NFT pour soutenir des associations caritatives

Madonna se lance à son tour dans les NFT. La chanteuse s’est associée avec l’artiste Beeple (Mike Vinkelmann), connu notamment pour avoir vendu un NFT à 69 millions de dollars l’année dernière, afin de créer trois alter ego numériques. Un « triptyque en NFT » qui, d’après la Material Girl, représente « différentes formes de naissance dans notre monde contemporain ». L’œuvre a mis un an à être créée.

« Lorsque Mike et moi avons décidé de collaborer à ce projet il y a un an, j’étais ravie de pouvoir partager ma vision du monde en tant que mère et artiste avec le point de vue unique de Mike. C’est un voyage extraordinaire que de construire ce projet, d’une idée intellectuelle à une histoire émotionnelle, en donnant naissance à l’art. Je voulais étudier le concept de création, non seulement la façon dont un enfant entre dans le monde par le vagin d’une femme, mais aussi la façon dont un artiste donne naissance à la créativité. Mais surtout, nous voulions profiter de cette occasion pour aider les mères et les enfants qui en ont le plus besoin en ce moment », a révélé la star dans un communiqué, relayé par Billboard. L’œuvre s’intitule Mother of Creation.

Pour répondre à tous les critiques des NFT qui estiment que ce genre de produit virtuel est une arnaque, Madonna a décidé que la vente de cette œuvre se ferait au profit de trois associations caritatives : Voices of Children, qui aide les femmes et les enfants affectés par la guerre en Ukraine ; City of Joy, qui lutte pour défendre les victimes de violences au Congo ; Black Mama’s Bail Out, qui soutient des mères incarcérées en les aidant à payer le montant de leur caution.

La plateforme de cryptomonnaies Moonpay a également annoncé qu’elle verserait 100.000 dollars à chaque association. Les trois œuvres virtuelles seront mises en vente sur SuperRare à partir de ce mercredi.

Black Adam est en reshoot, annonce Dwayne Johnson

Black Adam, le prochain film DC, est actuellement en reshoot dans les studios d’Atlanta, comme l’a annoncé The Rock sur Instagram. Il écrit : « Je suis content d’être de retour sur le plateau de BLACK ADAM avec notre équipe de plus de 750 talentueux cinéastes pour apporter les derniers détails et dernières touches de notre film avant sa sortie ». 

Au côté de Dwayne Johnson, de nombreux acteurs confirment que la JSA (Justice Society of America) est aussi présente pour les derniers réajustements. Quintessa Swindell (Trinkets), qui joue le rôle de Cyclone, ainsi que Sarah Shahi (Du Plomb dans la tête) qui joue Isis, Noah Centineo (The Perfect Date) dans le rôle d'Atom Smasher et Aldis Hodge (Invisible Man) dans celui de Hawkman, sont sur les plateaux de tournage. 

Le film met en scène l’ennemi de Shazam, l’anti-héros Black Adam (joué par The Rock). Près de 5000 ans après avoir été doté de pouvoir tout-puissants des dieux égyptiens et emprisonné tout aussi rapidement, Black Adam est libéré de sa tombe terrestre, prêt à faire régner sa forme unique de justice dans le monde moderne. A la réalisation, on retrouve Jaume Collet-Serra qui était notamment à l’origine de Jungle Cruise et de The Passenger. A l’affiche, on retrouvera également Pierce Brosnan (James Bond : GoldenEye) en Doctor Fate et Jennifer Holland (Suicide Squad) en Emilia Harcourt. 

La sortie en salles du long-métrage était prévue pour cet été, mais a finalement été décalée au 19 octobre 2022. La cause : la pandémie ayant retardé la production de nombreux films, les sociétés d’effets spéciaux croulent désormais sous les demandes. Les studios DC ont donc du décaler Black Adam, mais aussi Aquaman 2 et The Flash. 

Selon Chris Pratt, Jurassic World 3 marque la fin de la franchise

La sortie de Jurassic World 3 : Le Monde d'après approche, et selon son interprète principal, Chris Pratt, cet opus réalisé par Colin Trevorrow (comme le premier Jurassic World, en 2015) devrait conclure la saga. "Il représente 30 ans de fabrication, a-t-il expliqué lors du Today Show. C'est le sixième film Jurassic (Park et World additionnés, ndlr) et les acteurs originaux reviennent : Sam Neill, Laura Dern et Jeff Goldblum, plus le casting de Jurassic World. Et nos histoires convergent vers ce qui ressemble fortement à un grand final." L'acteur de 42 ans, qui vient par ailleurs de boucler le tournage de la fin d'une autre saga à succès, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, ajoute qu'il a toujours adoré Jurassic Park, après avoir découvert le premier opus de Steven Spielberg à l'âge de 13 ans : "Je n'avais aucune idée que je deviendrai un jour un acteur... Et tous ces gens se sont imprimés dans mon esprit comme des icones. Pouvoir travailler avec eux, aujourd'hui, c'est un rêve qui devient réalité."

L'accroche officielle du blockbuster produit par Universal évoque effectivement la fin d'une ère. Jurassic World 3 sera-t-il vraiment l'ultime opus de la franchise ? On a tout de même du mal à croire qu'elle ne soit pas une nouvelle fois étendue/rebootée à l'avenir, surtout suite aux succès des films et de la série animée La Colo du Crétacé, sur Netflix... Le sixième opus de la saga sortira le 8 juin 2022 au cinéma. 

Benedict Cumberbatch veut bien jouer Doctor Strange pendant encore 10 ans

Alors que Doctor Strange in the Multiverse of Madness démarre fort au box-office, son interprète Benedict Cumberbatch a été interrogé au sujet de l'avenir du personnage, et de lui-même, au sein du MCU. Serait-il prêt à signer pour dix années supplémentaires dans le rôle ? "Absolument, répond-t-il à The National Post. Carrément ! S'ils me gardent et que ça reste intéressant, qu'il continue d'évoluer et qu'ils essayent d'utiliser tout le potentiel du personnage, je crois qu'on aura encore des tas de choses à explorer. Alors oui, allons-y !"

Embauché pour incarner le super-sorcier de Marvel pour son film en solo en 2016 mis en scène par Scott Derrickson, Benedict Cumberbatch a depuis gagné en importance au sein de la saga de Kevin Feige. Son personnage était au coeur d'Avengers 3 et 4 (2018-2019), puis de Spider-Man : No Way Home (2021), et revient donc en ce moment dans son deuxième film en solo, réalisé cette fois par Sam Raimi. Un blockbuster qui explore davantage le "multivers", un concept permettant aux super-héros de voyager à travers différentes réalités, et donc à leurs créateurs de jouer avec l'ensemble des adaptations cinématographiques de comics Marvel. 

Bande-annonce de Frère et soeur, avec Melvil Poupaud et Marion Cotillard

Alice (Marion Cotillard) déteste son frère depuis plus de 20 ans. Une haine nourrie par la jalousie : actrice, elle a été dépassée par le talent de Louis (Melvil Poupaud), professeur devenu poète. Quand un drame familial survient, ils doivent se confronter aux raisons de leur déchirement.

De retour en compétition à Cannes, Arnaud Desplechin signe un nouveau drame familial, avec également au casting Golshifteh Farahani, Benjamin Siksou et Patrick Timsit. Frère et soeur sortira le 20 mai au cinéma, dans la foulée de sa présentation à Cannes où il sera en lice pour la Palme d’Or.

Chris Pine regrette profondément The Ryan Initiative

The Ryan Initiative revient ce soir sur C8, alors que sa star, Chris Pine, porte deux thrillers sur Amazon Prime Video :  Le Couteau par la lame et The Contractor. Voici ce qu'il disait du film de Kenneth Branagh en en 2014, peu de temps après sa sortie au cinéma.

"Je ne crois pas que le film a rapporté suffisamment d'argent pour que ça arrive." C'est ainsi que Chris Pine parlait à Moviefone de l'idée d'une suite à The Ryan Initiative, le reboot/prequel de la saga des Jack Ryan, agent de la CIA créé par Tom Clancy. Chris prenait ainsi la relève d'Alec Baldwin, Harrison Ford et Ben Affleck, qui ont tous porté le costard de Jack sur grand écran. Mais la réception critique du film a été mauvaise et le film n'a donc pas rapporté assez pour valider une suite. "C'est un de mes profonds regrets, On n'a pas réussi à bien le faire", continuait donc Chris avec sincérité. "C'est une super franchise, et j'espère qu'elle aura une cinquième vie, même sans moi. C'est super. J'adore les films d'espionnage. J'espère qu'on le fera de nouveau, avec une super histoire."

Chris est un peu dur avec le film. OK, il n'était pas inoubliable mais se perdait en voulant à la fois être Jason Bourne et James Bond. Mais il y avait des qualités comme Kevin Costner dans la peau du mentor de Chris, et ce dernier faisait un très bon Jack Ryan, physique et nerveux. De plus, le film n'est pas un échec si catastrophique que ça puisqu'il a rapporté 135,5 millions de dollars sur la planète. Pour un budget de 60 millions, c'est très correct. Mais ça n'a pas été suffisant pour le studio Paramount qui, échaudé en plus par l'accueil très très tiède du film, n'a pas validé une franchise Jack Ryan et lancé une suite, préférant décliner la saga à la télévision avec John Krasinski. Le réalisateur Kenneth Branagh a vite enchaîné sur le tournage de Cendrillon pour Disney...

Sicario : Josh Brolin veut que le troisième film se fasse

Josh Brolin revient ces jours-ci dans la série Outer Range, un western diffusé sur Amazon Prime qu'il a tourné à quelques mètres de là où les frères Coen avaient posé leurs caméras pour No Country for Old Men. "Pour la scène finale, quand Royal (son personnage) conduit jusqu'à Autumn (Imogen Poots), elle se tient au milieu d'une rue, raconte-t-il à The Hollywood Reporter. Eh bien c'est exactement la même - c'est littéralement à quelques mètres- que quand Chigurh (Javier Bardem) a tiré sur Llewelyn ! C'était si bizarre de tourner ça, pour moi. J'avais un peu l'impression de retrouver Llewelyn 20 ans plus tard grâce au personnage de Royal."

Bavard, l'acteur revient aussi sur l'expérience de Dune, dont il vient de lire le scénario de la suite : "Je comprends pourquoi le premier s'est terminé comme ça. Je trouve que c'était bien de laisser Gurney comme ça. Quand j'ai vu le film, je me suis demandé : 'Mais, où je suis là ?' C'était ma première réaction, mais je crois que c'était un peu égoïste. (rires)" Il évoque aussi un autre film à succès du réalisateur Denis Villeneuve : Sicario. Sorti en 2015, ce thriller a eu une suite, Soldado (Sicario La Guerre des cartels, en VF), en 2018, cette fois réalisé par Stefano Sollima, qui a obtenu de bonnes critiques, ainsi que des scores assez proches de l'original au box-office : 76 millions de dollars de recettes contre 85 millions. Alors pourquoi la suite n'a-t-elle pas encore été lancée, quatre ans plus tard ? "C'est dans tous nos esprits, reconnaît le comédien. Ce film est écrit. Et même réécrit. Il est là, quelque part. Je crois qu'on mérite de faire le troisième, enfin à condition qu'il soit conçu de la façon dont on a envie de le faire..."

Bande-annonce de Tranchées : un documentaire choc sur la guerre du Donbass

Documentaire choc sorti le 11 mai, Tranchées nous emmène sur la ligne de front du Donbass. On y retrouve les soldats du 30ème bataillon de l’armée ukrainienne affrontant des séparatistes soutenus par la Russie.

Le réalisateur Loup Bureau nous plonge dans cette expérience de guerre, à hauteur d’hommes et au cœur des tranchées. Là où chacun doit à la fois se protéger de la mort, mais aussi tenter de recréer une normalité dans l’univers anormal du conflit.

Le cinéaste français a partagé le quotidien de soldats ukrainiens terrés dans des tranchées sur le front de la guerre du Donbass qui agite le pays depuis 2014.

Projeté à la Mostra de Venise en septembre 2021, ce documentaire saisissant dévoile un conflit armé ressemblant étrangement à la guerre de 14-18.

"Sur des centaines de kilomètres, le front est gelé. Les tranchées sont nombreuses. C'est une véritable guerre de position", explique le metteur en scène dans les colonnes de FranceLive.fr.

"C'est pour ça que j'ai fait le choix d'un documentaire en noir et blanc. Dans notre culture et notre histoire, les tranchées renvoient à ce conflit et au passé. J'ai voulu montrer que ce type de conflit a toujours cours au 21e siècle", indique-t-il.

Pour appuyer cela, le réalisateur a également choisi de tourner son oeuvre au format 4/3, renforçant ainsi l'impression de promiscuité à travers le cadre réduit.

À force de passer du temps avec les soldats, ces derniers ont fini par oublier la présence de Loup Bureau et celle de sa caméra.

"Cela m'a permis de filmer des moments vus nulle part ailleurs. J'ai pu capter la fatigue physique mais surtout mentale de ces soldats. 95% du temps ils ne font rien et attendent. J'ai essayé de comprendre leur vie, qui ils sont, et de les représenter avec respect et sensibilité", confie le cinéaste.

À noter que Loup Bureau est aussi journaliste. Il a officié pendant plusieurs années comme reporter de guerre à l'étranger. Ainsi, il a couvert le Printemps Arabe en Egypte et la guerre en Syrie avant de se concentrer sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine dans la région du Donbass. 

10 mai 2022

Arte : Le monde selon Xi Jinping

"Observons avec calme, garantissons nos positions, gérons les affaires avec sang-froid, cachons nos capacités et attendons notre heure, sachons garder un profil bas, ne prétendons jamais au leadership, toujours cherchons des réalisations". Telle était la stratégie dite "des 24 caractères" formulée par le dirigeant chinois Deng Xiaoping en 1991.

Une profession de foi qui fut l'Etoile du Nord de la Chine durant ces 30 dernières années, faisant prendre au pays un essor économique absolument phénoménal, assumant désormais sans complexe une expansion internationale qui en fait une puissance économique, politique et militaire redoutée. Entre les mains du tout puissant Parti Communiste Chinois, l'Empire du Milieu ne se contente plus d'être, comme il le fut durant si longtemps, l'atelier du monde.

Il aspire désormais à lui les sociétés à fort potentiels technologiques, les matières premières, une quantité colossale de ressources énergétiques, et même les terres agricoles. Devenue la seconde puissance économique mondiale, la Chine a désormais un unique but. Que ce pays de 1,4 milliards d'habitants devienne la première puissance mondiale d'ici 2049; date anniversaire du centenaire de la fondation de la République populaire de Chine.

C'est en tout cas le rêve caressé par Xi Jinping, au coeur d'un passionnant et glaçant portrait diffusé ce soir sur Arte, Le monde selon Xi Jinping. Derrière son apparente bonhommie se cache un chef redoutable. En mars 2018, à l’issue de vastes purges, Xi Jinping modifie la Constitution et s’intronise "président à vie". Une concentration des pouvoirs jamais vue depuis la fin de l'ère maoïste.

Né en 1953, ce fils d’un proche de Mao Zedong révoqué pour "complot antiparti" choisit à l'adolescence, en pleine tourmente de la Révolution culturelle, un exil volontaire à la campagne pendant sept ans, comme pour racheter la déchéance paternelle. Revendiquant une fidélité aveugle au Parti, il gravira en apparatchik "plus rouge que rouge" tous les degrés du pouvoir. Et même si son père fut réhabilité, il aura la sagesse, sinon l'intelligence, de (re)partir tout en bas de l'échelle, en province; faire profil bas et ne pas se comporter en prince rouge. De quoi satisfaire les caciques du régime, qui apprécient cette modestie et peuvent surtout contrôler les jeunes pousses en devenir du PCC.

Depuis son accession au secrétariat général du Parti en 2012, puis à la présidence l'année suivante, les autocritiques d'opposants ont réapparu, par le biais de confessions télévisées. Il lancera même une campagne anti-corruption, baptisée "chasse aux tigres et aux moucherons"; le même nom qu'une ancienne campagne de purges à l'époque de Mao... Un moyen pratique surtout pour faire condamner tous ses opposants politiques. Bilan ? 170 ministres et vice-ministres, 4000 officiers de l'armée et une centaine de généraux, partis croupire en prison ou assignés à résidence. Au total, 1,5 millions de cadres du Parti ont été purgés.

Quelques mois après son investiture, ses opposants avaient fait fuiter dans la Presse un document confidentiel, dans lequel Xi Jinping avait synthétisé sa pensée. Baptisé "document n°9", on y découvrait dedans un Xi Jinping préoccupé par les forces étrangères jugées hostiles, énumérant les 7 idées occidentales jugées potentiellement mortelles pour la Chine, parmi lesquelles la démocratie, les valeurs universelles comme les Droits de l'Homme, ou encore la liberté de la Presse.

"Ce dont on ne s'aperçoit pas forcément à l'étranger, c'est que quotidiennement, la propagande chinoise nous dénonce, dénonce nos valeurs. Nous sommes donc dans une guerre idéologique frontale et totale avec la Chine populaire" commente le politologue Jean-Pierre Cabestan dans le documentaire, travaillant au sein de l'université Baptiste de Hong Kong.

Depuis son accession au pouvoir, "il espère réaliser une grande synthèse entre l'héritage de la Chine impériale et la Chine communiste" explique François Bougon, ancien correspondant à Pékin pour l'AFP, et journaliste au Monde. En d'autres termes, "rebâtir une légitimité au Parti Communiste Chinois (PCC). Et où trouve-t-il cette nouvelle légitimité ? Dans le nationalisme et tout ce qui fait la grandeur du pays".

Pour bâtir ce nouveau roman national et cimenter la nation autour de lui, Xi Jinping convoque les douloureux exemples du passé. Les défaites vécues par la Chine dans les deux guerres de l'Opium au XIXe siècle, qui se soldèrent par des traités humiliants et inégaux imposés par les Occidentaux, comme la perte des territoires de Hong Kong et Macao.

Dans ce rêve chinois caressé par le nouvel empereur rouge, il ne peut y avoir qu'une seule identité, aucune différence. C'est dans cette logique bien comprise et ultra répressive qu'un système de surveillance généralisée censé faire le tri entre les bons et les mauvais citoyens est mis en place, quand il ne s'agit pas de mater toute contestation, comme à Hong Kong. John Lee, l'ancien chef de la sécurité, qui a joué un rôle clé dans la brutale répression du mouvement pro-démocratie, vient d'ailleurs tout juste d'être nommé par Pékin pour diriger le territoire.

Elle passe aussi par une assimilation forcée des populations Ouïghours, victimes depuis 2016 d'une politique génocidaire menée au Xinjiang, une région de l'Ouest de la Chine. Des centaines de milliers de citoyens ouïghours ont été internés dans des camps ou condamnés à des années de prison. Travail forcé, séparation des familles, stérilisation forcée, destruction des cimetières et des lieux de culte... "Soyez sans pitié" avait dit, en 2014, le président Xi Jinping...

Inflexible et impitoyable sur le plan intérieur, il s'est donné comme objectif de supplanter l'Occident à la tête d’un nouvel ordre mondial. Son projet des "routes de la soie" a ainsi considérablement étendu le réseau des infrastructures chinoises à l’échelle planétaire. Cet expansionnisme stratégique, jusque-là développé en silence, inquiète de plus en plus l'Europe et les États-Unis.

C'est que la Chine a les moyens de ses ambitions : Xi Jinping a sorti 1000 milliards de dollars pour bâtir ce projet à l'échelle du globe, sans équivalent. Dans ces nouvelles considérations, l'Afrique occupe d'ailleurs une place de choix : depuis 2013, la Chine a prêté plus de 120 milliards $ aux Etats du continent, faisant du pays le premier partenaire commercial de l'Afrique.

Une hégémonie chinoise bâtie (entre-autre) sur un nationalisme exacerbé qui s'accompagne logiquement de vives tensions diplomatiques, dont l'abcès de fixation pour les années à venir est déjà tout trouvé : le sort de la province rebelle de Taiwan.

"La réunification est une affaire historique, c'est la voie à suivre, tandis que l'indépendance de Taiwan est une impasse. Nous n'excluons pas le recours à la force, et nous nous réservons le droit d'utiliser tous les moyens nécessaires" avait asséné Xi Jinping en 2021. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a d'ailleurs brutalement ravivé la crainte d'une invasion de l'île par la Chine continentale, au point que l'armée taïwanaise a publié en avril dernier un manuel de survie destiné aux civils...

"Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera" avait prophétisé l'écrivain et homme politique Alain Peyrefitte, dans son célèbre ouvrage publié en 1973. 49 ans plus tard, le pays s'est bien réveillé. Devenu un géant économique, il effraie autant qu'il fascine, par son mélange d'autoritarisme absolu et de modernité. "Le "rêve" de Xi Jinping profite d'abord du cauchemar des démocraties libérales, affaiblies par la montée des inégalités, la remise en cause des élites et le populisme" conclue François Bougon. Des propos guère rassurants...

Le monde selon Xi Jinping, documentaire de Sophie Lepault et Romain Franklin, diffusé ce soir sur Arte à 20h55. Egalement disponible sur Arte TV depuis le 3 mai jusqu'au 30 mai 2022.