Le discours et les choix du ministre Julien Denormandie ne passent pas auprès de la filière bio. En pétard contre la réforme de la Politique agricole commune (PAC) qui prévoit de fortes baisses de dotations, les agriculteurs et agricultrices bio ont décidé de se « mettre à poil » pour se faire entendre.
Mercredi soir, ils ont sans doute trouvé une ambassadrice. La comédienne Lucie Lucas, célèbre pour son rôle dans la série Clem, sur TF1, a posté un cliché d’elle entièrement nue sur son compte Instagram. A peine cachée par la végétation printanière, celle qui est installée dans une ferme des Côtes d’Armor, pose dans le plus simple appareil, le visage fermé. Sur une pancarte qu’elle brandit, on peut lire ce message : « En moyenne, -66 % d’aides par an ».
Présente sur la liste du candidat écologiste aux élections régionales Daniel Cueff, la comédienne espère attirer le regard des Français sur le traitement infligé aux exploitations agricoles en bio et ses craintes de « décourager toute transition agroécologique ». Son message, « liké » des dizaines de milliers de fois aura sans doute été vu.
Mercredi, environ 300 personnes étaient rassemblées à Paris pour dénoncer les arbitrages du ministère. La plupart s’affichaient en petite tenue. Sur les nombreuses photos envoyées sur les réseaux sociaux, certains et certaines n’avaient pas hésité, comme Lucie Lucas, à faire tomber le bas. L’explication de ce mouvement est là : « Le ministre de l’Agriculture tend à rhabiller confortablement une certaine agriculture quitte à en déshabiller une autre », dénonce le nouveau président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) Philippe Camburet.
Ces arbitrages entérinent la disparition d’aides spécifiques à l’agriculture bio pour les agriculteurs déjà convertis à ce mode de production, une mesure entamée en 2017. En revanche, les subventions à la conversion vers le bio sont relevées à 340 millions d’euros par an.
Notez que le chiffre de -66 % de dotations pour les agriculteurs déjà convertis en bio est contesté par le ministère de l’Agriculture, qui parle de « désinformation ». Les exploitants sont surtout remontés
contre l’alignement de leurs subventions sur celles des fermes « haute qualité environnementale », qualifiées de « greenwashing » puisque l’usage des pesticides y est toléré.