Chaque année, l’élection de Miss France déclenche débats et prises de position tranchées. Mais cette fois, c’est l’une des voix les plus connues du PAF qui s’est insurgée avec une vigueur rare. Invitée sur le plateau de l’émission Estelle à Midi ce 3 décembre 2020, Enora Malagré a livré un réquisitoire frontal, sans détour, contre ce qu’elle considère comme un concours "dépassé", "honteux" et profondément problématique vis-à-vis de l’image des femmes.
Dès le début de son intervention, la chroniqueuse n’a pas mâché ses mots : "Cela fait 20 ans que je réclame la suppression de ce concours agricole pour les femmes que je trouve honteux, qui hyper-objétise la femme", a-t-elle lancé, provoquant un silence gêné sur le plateau.
Selon elle, la mécanique même du concours repose sur une vision archaïque du féminin, réduisant la valeur des candidates à leur apparence : "À quel moment on continue de juger les femmes sur leur physique ? On n'est plus en 1950".
Pour étayer son propos, Enora Malagré pointe ce qu’elle considère comme une contradiction flagrante entre le discours modernisé du concours et la réalité des profils retenus : "Malgré le changement de règles, il n’y a pas de femme de 60 ans. Même si elles se présentent, elles ne seront pas élues".
Elle poursuit en évoquant la diversité corporelle : "Il n’y a pas de femme qui fait un 46 ! Ça ne représente pas le corps des femmes. On est sur une hypocrisie lunaire"
Pour elle, la sélection continue de renvoyer une image unique et irréaliste de la féminité, loin de la variété des silhouettes présentes dans la société française. L’animatrice développe également l’idée que Miss France illustre un déséquilibre profond dans la manière dont les corps sont perçus et valorisés.
"Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de Mister France ? Il y en a eu un moment, mais ça n’a jamais marché parce qu’on n’hyper-objétise pas le corps des hommes. On ne le sexualise pas", accuse-t-elle.
Dans son analyse, Miss France perpétue un modèle culturel où le corps féminin est soumis à l’évaluation et au jugement public, alors que le corps masculin échappe en grande partie à cette exposition normée.
Interrogée par Estelle Denis sur une éventuelle soirée Miss France entre amis, Enora Malagré s’est immédiatement insurgée : "Mais ça ne va pas ? C’est tellement dégradant !"
Elle concède comprendre le côté fédérateur pour défendre sa région, mais estime qu’il ne justifie en rien un tel concours : "Dans ce cas-là, on n’a qu’à juger du sauciflard, mais pas des femmes".
Surtout, elle rappelle qu’au-delà des paillettes et du folklore, la réalité du concours repose sur des critères physiques stricts, même lorsque le comité prétend s’ouvrir : "Je continue de militer ardemment pour la suppression de ce concours".
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