Si la Sicile est connue pour son climat, la richesse de son patrimoine historique et ses paysages extraordinaires, il est aussi un héritage sacrément encombrant dont elle ne parvient pas - et ne parviendra jamais en fait- à se défaire.
Car c'est aussi la terre historique, le berceau de la mafia. De la Cosa Nostra pour être précis. Jusqu'à la fin du XXe siècle, cette branche de la mafia, surnommée "la pieuvre", fut considérée comme la plus influente en Europe. Une histoire séculaire écrite dès le XIXe siècle et dans le sang, entre extorsion, blanchement d'argent, meurtres, trafic d'êtres humains, trafic de stupéfiants, terrorisme, contrefaçon ou proxénétisme.
L'un des plus terribles et sanglants chefs mafieux, Toto Riina, était natif de Corleone, petite ville située dans la province de Palerme. Un nom qui est aussi largement passé à la postérité au cinéma, puisqu'il est le patronyme même des personnages de la saga familiale fleuve orchestrée par Francis Ford Coppola.
Désormais, les autorités de l'île font la chasse aux souvenirs qui capitalisent sur cet héritage, dans un but de s'éloigner des stéréotypes négatifs, comme le relève un article paru dans le Telegraph fin août dernier (et relayé via Slate). Les t-shirts et les tasses représentant Marlon Brando dans le rôle de Don Vito Corleone du film Le Parrain (et même des chaussettes !), tout comme les bibelots qui tournent en dérision les querelles sanglantes menées par la mafia, ternissent la réputation de l'île.
Le maire de la ville d'Agrigente (55.000 habitants), a pris un arrêté interdisant la vente de ces babioles, Tee Shirt, Mug & Co évoquant la mafia. Un commerce qui selon lui "humilie la communauté, qui s'est engagée depuis des années à diffuser la culture de la légalité". Gare aux magasins contrevenants à cette interdiction, qui pourraient se voir frappés d'une amende en cas de contrôle.
Cette interdiction de ventes d'objets souvenirs évoquant la mafia s'est étendue jusqu'aux aéroports de l'île. "La Sicile doit conserver une image digne, débarrassée des stéréotypes négatifs habituels, notamment aux points d'entrée comme les aéroports" a expliqué Alessandro Aricò, le conseiller politique de l'île en charge des transports et infrastructures.
Des intentions tout à fait louables. Mais qui reviennent quand même à essayer de vider un océan à la petite cuillère, tant cet héritage particulièrement lourd fait partie de l'ADN de l'île.
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