Alors que son nouveau film DogMan est sélectionné en Compétition de la 80e Mostra de Venise, le réalisateur français Luc Besson prend la parole pour la première fois sur les accusations de viol dans un entretien exclusif accordé à Paris Match.
Pour mémoire, en mai 2018, la comédienne Sand Van Roy avait déposé plainte contre Luc Besson, accusant le réalisateur de viol et d'agression sexuelle. Après une confrontation entre les deux parties, le parquet de Paris classait l'affaire sans suite. Le tribunal avait jugé que "l'infraction dénoncée n'avait pas pu être caractérisée". L'actrice a ensuite déposé une nouvelle plainte avec saisie d'une juge d'instruction, afin de relancer l'enquête. Deux ans plus tard, en décembre 2021, un non-lieu a été prononcé en faveur de Luc Besson, invoquant "l'absence de tout élément matériel venant étayer les déclarations de la plaignante".
Le 24 mai 2022, la cour d'appel de Paris confirmait l'ordonnance de non-lieu. Me Antoine Gitton, avocat de Sand Van Roy (avec Me Francis Szpiner), avait alors lancé un pourvoi en cassation. Un an plus tard, la Cour de cassation a définitivement écarté les accusations de viol de l'actrice belgo-néerlandaise Sand Van Roy contre Luc Besson. L'AFP relayait que la Cour "a en effet estimé qu'il n'y avait "aucun moyen de nature à permettre l'admission du pourvoi" et a donc prononcé sa non-admission."
Luc Besson n'avait jusqu'ici jamais pris la parole. Alors que son nouveau film DogMan doit sortir en salles le 27 septembre prochain et qu'il a été sélectionné en Compétition à la 80e Mostra de Venise et sera présenté en avant-première lors du Festival du Film américain de Deauville où le cinéaste fera également une masterclass, le metteur en scène et producteur français prend la parole dans les colonnes de Paris Match.
Interrogé sur ces accusations Luc Besson déclare : "La sidération l’a d’abord emporté, parce que je n’ai pas commis le crime dont on m’accusait. On se retrouve très démuni, devant une telle situation car c’est parfois compliqué de prouver son innocence. L’enquête a duré cinq ans, il y a eu 31 auditions de témoins, des expertises toxicologiques, psychiatriques, psychologiques et près de deux mille pages de dossier. Rien n’a été laissé au hasard. Et croyez-moi, vu la période actuelle, s’ils avaient eu le moindre doute sur ma culpabilité, j’aurais été mis en examen depuis longtemps."
Le journaliste relance le cinéaste en précisant que ce dernier n'a jamais été mis en examen. Luc Besson reprend alors : "Sur la foi de tous les éléments recueillis, une juge a décidé de ne pas me mettre en examen en 2019. Une autre juge a délivré une ordonnance de non-lieu en 2021. Une troisième juge a confirmé cette décision en appel en 2022 et enfin la plus haute juridiction française a rejeté le pourvoi en cassation en juin dernier. On peut parler d’acharnement, mais la justice a fait son travail et m’a déclaré par quatre fois non coupable. L’affaire est donc close."
Il ajoute : "Même si, pour certains, le simple fait d’être accusé impose d’être coupable. Comme si être un homme avec un peu de pouvoir faisait de moi obligatoirement un assassin. J’ai entendu certains dire : “Il n’y avait pas assez de preuves !” Mais, bien au contraire, la justice a recueilli des dizaines de preuves de mon innocence. Pas la peine de crier au complot, de me prêter des relations que je n’ai pas, c’est du pur fantasme."
Paris Match revient ensuite sur le traitement de l'affaire par la justice et les médias. Le réalisateur explique s'en être totalement remis à la justice : "C’est compliqué de se défendre quand on est accusé d’un crime que l’on n’a pas commis. La seule solution c’est de s’en remettre à la justice. J’ai suivi pendant cinq ans un processus extrêmement compliqué et précis. J’ai vu des gens travailler avec assiduité et acharnement pour récolter des preuves et trouver la vérité. La justice n’est pas parfaite, mais elle est irremplaçable. (...)"
Luc Besson est néanmoins plus féroce concernant la machine médiatique. Il déclare ainsi : "C’est un ogre qui dévore tout et doit être nourri en permanence, pour que ça brûle, que ça clique et que ça twitte. Peu importe la cause, du moment qu’elle est inflammable. Le tissu médiatique est une gigantesque flaque d’essence où n’importe qui peut jeter une allumette. Ça fait du spectacle et ça rapporte de l’argent, mais ça ne protège pas les victimes. Il faut absolument décorréler ce système de celui de la justice.
J’entends ceux qui, par moments, doutent et perdent confiance en elle mais, à l’heure de Twitter et de ChatGPT, elle reste le meilleur refuge. Sinon comment allons-nous trouver la vérité au milieu du milliard d’informations invérifiables qu’on nous balance en permanence ? On ne gagnera pas ce combat sans recul, sans discernement, sans distinction. Les victimes comme les plaignantes qui ont été poussées dans la lumière médiatique ont fini cramées et dans l’oubli. La machine médiatique est un volcan qui n’a que faire de ses cendres."
Présenté ce jeudi à la Mostra de Venise, DogMan porté par Caleb Landry Jones sortira dans nos salles le 27 septembre prochain. Le long métrage raconte l'histoire d’un enfant, meurtri par la vie, qui trouvera son salut grâce à l’amour que lui portent ses chiens.