À 94 ans, Line Renaud n'a rien perdu de son énergie et de son dynamisme. L'AVC qui l'a frappé il y a quatre ans est derrière elle, l'obligeant toutefois à mettre un frein à certaines activités. Line Renaud reconnaît sans peine avoir été flemmarde au sujet de sa rééducation et l'avoir un peu négligée, mais elle s'enflamme au souvenir de sa première ergothérapeute à l'hôpital qui l'avait surnommée Madame Fleur... "J'étais plutôt une fleur fanée ! Elle me parlait comme à quelqu'un de gâteux, une petite fille arriérée, et ça m'agaçait... 'comment je m'appelle ?', 'quel jour sommes-nous ?' J'ai contacté la direction en disant 'ça n'est plus possible, je ne fais pas de progrès ici, on me parle comme si je venais de naître'. Bref j'ai fait un blocage", reconnaît celle qui sera bientôt à l'affiche de Le prochain voyage, un émouvant film de Thierry Binisti sur la fin de vie. Et la fin de vie, Line Renaud n'en fait pas un tabou.
C'est même devenu un sujet essentiel pour celle qui a vu partir beaucoup de ses proches dans la souffrance et ne comprend pas que l'euthanasie demeure un sujet si sensible. "Ma mère demandait à mourir, 's'il te plait fait quelque chose' me disait-elle. Loulou en 1995, atteint d'un cancer des os, et qu'on ne pouvait plus toucher. Je suppliais notre docteur", se remémore-t-elle. Pour Line Renaud, quitter la France pour aller mourir en Suisse, en Belgique ou au Portugal, n'est pas une solution : "Encore faut-il en avoir les moyens, y mourir coûte 15 000 euros !" s'indigne-t-elle. Line Renaud évoque sa "loi idéale", celle qui lui permettrait de partir dignement "entourée de ceux [qu'elle] aime" et le tableau est assez précis.
L'artiste se voit mourir dans sa demeure de la Jonchère : "Dans mon lit avec mon chien Pirate à côté de moi... s'il est encore en vie ! Je le caresserai, je lui demanderai de venir plus près de moi et il viendra plus près. Je serai entourée de tous mes proches avec qui je parlerai. Il faut que tout ça soit joyeux. J'ai envie de laisser une image apaisante. Mes amis souhaitent que je parte sans souffrir "explique-t-elle promettant que si la souffrance vient elle contournera "la loi". "C'est décidé sans loi je mourrai en résistante" confie-t-elle. Une femme de combat, jusqu'au bout.
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