Il s'en est allé. Très affaibli par un cancer de la prostate, Jean-Louis Trintignant est mort ce vendredi 17 juin à l’âge de 91 ans, ont fait savoir ses proches à l'AFP. "Je m'étais dit que la maladie était grave, mais qu'on supportait très bien la mort… Et puis quand on est près de mourir, on s'aperçoit que c'est beaucoup plus dur… Personne n'en est jamais revenu pour dire si c'est bien ou pas. Est-ce que c'est l'enfer après ? Est-ce que c'est comme quand on dort ? Si c'est ça, je signe tout de suite…", avait confié avec tendresse le monstre sacré du cinéma français auprès de nos confrères du Parisien, en décembre 2018.
Avec ses rôles mythiques dans Et Dieu… créa la femme (1956), Un homme et une femme (1966) ou encore Amour (2012), l’acteur s’est imposé comme l’une des figures emblématiques du Septième art. Après avoir tourné dans des centaines de longs-métrages, il avait annoncé la fin de cette prestigieuse carrière en juillet 2013. "Le cinéma s’est fini !", déclarait-il à nos confrères de Nice-Matin cinq ans plus tard. Et d’ajouter : "Je ne me déplace plus tout seul, j'ai toujours besoin d'avoir quelqu'un auprès de moi pour me dire: 'Attention, tu vas te casser la gueule'".
S’il ne s’est jamais montré très bavard sur sa santé déclinante, Jean-Louis Trintignant a, les dernières années de sa vie, pu compter sur ses proches pour donner de ses nouvelles. "Il perd la vue, il ne peut plus marcher bien. Il ne va pas bien, non, il va mal", indiquait son ex-femme Nadine Trintignant sur le plateau de L’heure des pros, le mercredi 24 novembre 2021. Diminué par la maladie, le réalisateur avait donc fait le choix de laisser tout le champ libre à la maladie et de s’éloigner de la sphère médiatique. "Je ne me bats pas. Je laisse faire", assurait l’acteur aux quatre César.
Bien souvent, Jean-Louis Trintignant a été indissociable de Nadine Marquand, devenue Trintignant de par leur mariage. Dans son livre C’est pour la vie ou pour un moment ?, la réalisatrice est revenue sur ses années de mariage avec celui qui avait été son premier époux et père de ses trois enfants.
Une histoire d’amour marquée par l’infidélité du comédien avec Romy Schneider. "D’abord, j’aimais beaucoup Romy. C’était vraiment une femme très belle, intelligente, pleine de charme. Et je lui disais : ‘Elle, elle te rendra peut-être heureux'", affirmait pourtant Nadine Trintignant sur le plateau de C à Vous, le 3 novembre 2021, consciente qu’à ce moment de sa vie, le bonheur n’était plus au rendez-vous au sein de leur couple. Malgré cet écart, la scénariste a toujours vu en lui un "mari idéal".
Mais avant ces idylles, l’acteur a vécu une aventure avec une autre icône du cinéma. Alors marié à l’actrice Stéphane Audran, Jean-Louis Trintignant a eu une liaison avec Brigitte Bardot. Si le courant n’est pas tout de suite passé entre les deux acteurs, ces derniers sont finalement tombés dans les bras l'un de l’autre. "J’ai aimé Jean Lou à la folie, je l’aimais comme je n’ai peut-être plus jamais aimé, mais je ne le savais pas, j’étais trop jeune", a révélé Brigitte Bardot. Et d'ajouter que "ses instants d'amour avec Trintignant ont été les plus heureux de sa vie".
Si le cinéma et le théâtre ont été ses premières amours, Jean-Louis Trintignant s’est bien souvent adonné au sport automobile. Féru de cette pratique, le comédien n’avait pas hésité à mettre entre parenthèses sa carrière pour se consacrer à sa passion. Aux côtés de Guy Marchand, Claude Brasseur ou encore Eddy Vartan, Jean-Louis Trintignant a fait partie de l'équipe du Star Racing Team. "Ce n’est pas la vitesse que j’aime. Ce que j’aime dans la course c’est freiner le plus tard possible, passer un virage au maximum de vitesse", expliquait-il. Des courses de rallyes qui se sont souvent terminées sur les marches du podium. Quelques années plus tard, Jean-Louis Trintignant s’est lancé dans une nouvelle aventure en achetant le domaine viticole Rouge Garance dans les côtes du Rhône. "Mon grand-père était vigneron, mon père était vigneron. Et moi je connais beaucoup de vignerons. Je les aime. Ce sont des gens très manuels et quand même très poétiques, imaginatifs", s’était-il remémoré dans les colonnes du Monde en février 2017.
"Je suis mort le 1er août 2003, le jour où Marie est morte. À l'intérieur de moi, tout est détruit", confiait Jean-Louis Trintignant dans le livre À la vie, à la mort écrit par la journaliste Catherine Ceylac. Profondément bouleversé par le décès tragique de sa fille, morte sous les coups de Bertrand Cantat, le comédien a bien souvent été rongé par la culpabilité. "Je devais venir la retrouver ce soir-là et je ne suis pas venu. C’était un grand voyage en voiture, quatre ou cinq jours. C’est peut-être de ma faute : si j’avais été présent ce soir-là, elle ne serait sans doute pas morte. Cette culpabilité me pèse beaucoup parce que je suis presque sûr d’avoir raison", avait-il livré, avec douleur. Une peine que Jean-Louis Trintignant va dorénavant abandonner en retrouvant dans l'au-delà sa fille chérie.
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