Brève séquence flashback. En décembre 2020, on apprenait que trois détectives amateurs étaient enfin parvenu à décrypter, 50 ans après, une lettre postée en 1969 par le mystérieux tueur du Zodiac, qui fit l'objet d'un brillant film mis en scène par David Fincher. Le tueur, dont personne n'a jamais réussi à établir l'identité, et qui revendiquait 37 meurtres commis en Californie entre la fin des années 60 et le début des années 70, est notamment resté tristement célèbre pour ses messages indéchiffrables.
Elaboré grâce à une technique particulièrement complexe et composée de 340 caractères différents (à déchiffrer en utilisant un sens de lecture très précis), le texte de cette lettre, baptisé Z 340, ne dévoilait toujours pas l'identité du tueur comme pouvaient l'espérer les enquêteurs, mais se contentait de provoquer ses lecteurs : "'J'espère que vous vous amusez beaucoup à essayer de m'attraper. Ce n'était pas moi dans l'émission de télé. (...) Je n'ai pas peur de la chambre à gaz parce qu'elle m'enverra plus vite au paradis, parce que j'ai maintenant assez d'esclaves pour travailler pour moi". Les esclaves étant en l'occurence les victimes de ce tueur en série... Le FBI, qui a rouvert l'enquête au début des années 2000, n'avait pas souhaité commenter cette découverte.
C'est là qu'entrent en jeu les découvertes faites par un polytechnicien français du nom de Fayçal Ziraoui, objet d'un long et passionnant article paru sur le site du magazine Le Point ce 17 février. En déchiffrant les deux derniers cryptogrammes envoyés par le tueur, le chercheur assure avoir démasqué le tueur en série.
Fréquentant les sites spécialisés en cryptographie, il découvre que sur les quatre cryptogrammes expédiés par le tueur, deux attendent encore d'être déchiffrés : le Z 32 et le Z 13, que certains spécialistes considèrent comme "indéchiffrables" en raison de leur faible nombre de caractères. "Il m'a fallu quinze jours pour décoder les deux derniers cryptogrammes du Zodiac. Je crois que c'est bon" précise le chercheur au magazine.
Après des calculs à base de trigonométrie, de probabilités, avec le renfort de la sémiologie et de champs géomagnétiques, il perce le premier cryptogramme, le Z 32. Il s'agit d'un code daté de juin 1970, et était joint à une lettre dans laquelle le tueur menaçait de faire sauter un bus scolaire à la rentrée suivante. Une carte routière renfermant plusieurs indices topographiques l'accompagnait. "J'ai vite compris que les quatre cryptogrammes se répondaient et que le décodage du Z 340, récemment accompli, me serait nécessaire pour aboutir sur le Z 32. En fait, les cryptogrammes sont impossibles à résoudre indépendamment les uns des autres" explique l'intéressé. "Pour venir à bout des deux derniers cryptogrammes, j'ai dû faire appel à des mécanismes de résolution non conventionnels et découper un code en 2, sachant que le Z 32 n'utilisait cette fois que 10 chiffres pour 20 lettres converties".
Dans le Z 32, Fayçal Ziraoui découve que le tueur du zodiac projetait de faire sauter une école, le jour férié du Labour Day en 1970, qui se trouvait à proximité du lac Tahoe, situé entre la Californie et le Nevada. "Il se trouve que le suspect, dont je vais découvrir le nom dans l'autre code (Z 13), habitait tout près de l'établissement visé" dit-il. Il parvient ainsi à identifier un nom : un certain Lawrence Kayr. Si le "r" du nom de famille semble être une erreur, ou bien une ultime manoeuvre du tueur pour brouiller les pistes, ce nom correspond bien à un suspect identifié par le FBI, et décédé en 2010.
Le chercheur s'est empressé d'envoyer ses découvertes à la Police de San Francisco, qui en a accusé réception, ainsi qu'au FBI. "J'aimerais bien que le FBI suive cette trace, car elle est prometteuse" dit-il au journaliste. Mais il y a fort à parier que, tout comme le décryptage du code Z 340, le FBI ne commente pas publiquement cette fantastique découverte de Fayçal Ziraoui.
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