17 décembre 2025

Le Chant des forêts : découvrez un documentaire immersif sur les forêts enchanteresses des Vosges

Les forêts des Vosges. C'est ici que Vincent Munier a tout appris grâce à son père Michel, naturaliste, ayant passé sa vie à l'affût dans les bois. Il est l'heure pour eux de transmettre ce savoir à Simon, le fils du réalisateur

La première force du Chant des forêts tient dans la splendeur de ses images, sublimes et inédites, saisies avec une intimité rare. « Pas d’ingénieur du son, ni de technicien. Pas de grues, de drones, de travelling, de brumes artificielles et, bien sûr, aucun animal apprivoisé. Juste une caméra pensée pour se faire oublier. » Cette captation minimaliste permet au spectateur d’entrer au plus près de la vie sauvage.

Entre gros plans nocturnes d’une netteté étonnante et scènes capturées au cœur des jeux, des chasses ou des parades, les spectateurs découvrent, à travers l’œil de la caméra, des espèces rarement filmées : le grand tétras, le lynx, la grue, le renard, le cerf… Le Chant des forêts nous offre aussi des visions presque irréelles de lumière, de brume, d’ombres et de nuées d’oiseaux.

Aux images s’ajoutent les sons bruts de la forêt, enregistrés grâce à des micros spécialisés — « des sons justes, tout ce qui nous échappe » — que le réalisateur alterne avec de la musique classique d’une grande justesse, sublimant la beauté des paysages. “Malgré le poids des habitudes, malgré le formatage social, il faut rester un éternel émerveillé. C’est ce que j’essaie de transmettre à travers ce film”, résume Vincent Munier.

Le documentaire est aussi une ode à l’amour de la forêt, une passion transmise de père en fils. Dans une tente, une cabane de bois ou au détour d’une promenade, Vincent Munier nous entraîne caméra à l’épaule dans leurs refuges secrets, filmant les discussions, les guets et les observations que tous trois mènent jour et nuit.

Au-delà des images, le spectateur en apprend énormément sur la vie sauvage grâce aux commentaires et aux anecdotes du père du réalisateur – naturaliste passionné, activiste et fervent défenseur des forêts des Vosges – qui analyse et explique les phénomènes observés à son petit-fils Simon, avide de découvertes et déjà fasciné par la nature. « Même un arbre mort continue à donner la vie », lui rappelle-t-il.

S’il a cosigné avec son fils les livres photographiques Clair de Brume en 2007 et Au fil des Songes en 2010, Michel Munier est aussi l’auteur de L’oiseau-forêt (2022), un chant d’amour et un cri de détresse dans lequel il invite à la sobriété et à une approche respectueuse de la nature qui nous entoure. Il est “un de ces écolos des années 1970-80 qu’on caricaturait souvent, mais qui étaient de tous les combats : défendre un ruisseau, protéger une forêt menacée par un téléski” affirme son fils.

Le Chant des forêts lui rend aussi hommage : à sa force de vie, à son héritage précieux, mais aussi à tous ceux qui se battent ; associations, bénévoles, militants discrets… “Sans eux, l’érosion du vivant aurait été bien plus brutale” ajoute le réalisateur..

Vous l’aurez compris, Le Chant des forêts ne se limite pas à magnifier la nature : le documentaire met en lumière une problématique que l’on croit parfois lointaine, surtout en tant que citadins, mais qui n’en est pas moins réelle. Chaque année, des espèces animales disparaissent. Parmi elles, le grand tétras, un imposant gallinacé présent dans les Vosges depuis plus de 10 000 ans, c’est-à-dire depuis la dernière période glaciaire, et qui a définitivement quitté le massif. “Après des décennies de combats, malgré toute l’énergie de mon père et de nombreux naturalistes, l’espèce a décliné jusqu’à s’éteindre du massif. Trois raisons : le réchauffement climatique, la gestion forestière plus industrielle, et l’accroissement des dérangements humains.”

Ces disparitions tragiques devraient nous alerter sur nos modes de vie et encourager une véritable prise de conscience, tant pour les générations actuelles que pour celles à venir. Une prise de conscience que le fils du réalisateur, lui, semble avoir bien intégrée : “Que peut-on faire pour que d’autres espèces ne disparaissent pas ?” déplore-t-il à l’écran.

À l’échelle même de la forêt, l’être humain adopte souvent une vision autocentrée et ethnocentrée, que le réalisateur résume ainsi : “Nous parlons encore trop souvent des animaux en termes de «  nuisibles  », de «  gibier  » ou de «  dégâts  », comme si tout devait être jugé selon notre intérêt immédiat. Or, dans la forêt, il n’y a pas de hiérarchie. Chaque être, du plus infime au plus imposant, compte dans l’équilibre global.”

En effet, dire aujourd’hui que la nature est belle ne suffit plus. Il nous faut rappeler que cette beauté n’a rien d’un luxe : elle constitue une condition essentielle à notre survie. C’est précisément le message que porte ce documentaire : ”Je crois qu’on peut éveiller les consciences par la beauté, par la poésie, par l’émerveillement. C’est la porte d’entrée pour l’action.”

En révélant la fragilité du vivant, Vincent Munier nous rappelle que la beauté de la nature n’est pas infinie et qu’il revient à chacun de nous de la préserver. Le Chant des forêts qui allie formidablement émerveillement, transmission, et réflexion est à découvrir dès aujourd’hui en salle.

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