En 2025, la société Gaumont célèbre 130 ans de cinéma et d’émotions… mais aussi d’innovations ! Une aventure débutée en 1895 grâce à la vision audacieuse et novatrice de Léon Gaumont. Rembobinons…
En 1895, à 31 ans, Léon Gaumont prend les rênes du Comptoir Général de Photographie, une société spécialisée dans la fabrication et la vente de matériel optique et photographique. Pris par l’émulation collective pour la photographie et le cinéma, insufflée par les avancées techniques d’Edison et des frères Lumière, il croit fermement à l’avenir du cinématographe (la première machine permettant de projeter des films, inventée par les frères Lumière). En 1896, il commercialise le chronophotographe ou “Chrono Demeny” (du nom de son inventeur) : une caméra réversible permettant à la fois la prise de vue et la projection de films très courts.
Véritable touche à tout et perfectionniste, Léon Gaumont travaille sur plusieurs innovations techniques majeures, notamment le son avec le chronophone, et la couleur grâce au chronochrome.
En 1905, Gaumont construit un studio de prises de vues cinématographiques, qui servira notamment pour le tournage des premiers films sonores, des phonoscènes projetées grâce au chronophone. Puis, dans les années 1930, Gaumont prend part à la révolution du cinéma sonore avec le système Gaumont-Petersen-Poulsen. Le procédé consiste à enregistrer les sons sur une pellicule de 35 mm et à en synchroniser la diffusion avec un projecteur de film de 35 mm, projetant les images.
Dès 1928, Gaumont parvient tout de même à présenter le premier long métrage sonore de l’histoire du cinéma : L'Eau du Nil, de Marcel Vandal.
Dès la fin du XIXe siècle, Léon Gaumont saisit l’importance de la distribution dans un secteur encore balbutiant. D’abord pour des raisons juridiques, Il fait apposer sur les films produits par sa société, une marguerite en hommage au prénom de sa mère — devenant ainsi l’un des tout premiers à créer un logo reconnaissable dans l’histoire du cinéma. À une époque où les studios restent anonymes pour le grand public, ce geste est novateur.
Gaumont développe rapidement une véritable stratégie publicitaire. Affiches, programmes illustrés, catalogues, projections promotionnelles : tous les moyens sont mobilisés pour valoriser les films de la maison, la société possède même sa propre imprimerie.
En réunissant production, promotion, distribution, diffusion et exploitation au sein d’une même structure, la Société des Établissements Gaumont utilise un modèle intégré novateur et prend part à la révolution qui s’opère dans l’histoire de l’industrie cinématographique française.
Dès 1908, alors que le cinéma forain — ou itinérant — amorce son déclin, Gaumont s’engage dans la diffusion grand public. La société inaugure alors sa première salle parisienne, le Chronophone Gaumont, dans le 2ᵉ arrondissement. Puis, deux ans plus tard, en 1910, naissent les “Actualités Gaumont”, ancêtres du journal télévisé : de courts reportages d’actualité projetés chaque semaine et intégrés directement aux programmes de films, qui informent et fidélisent les spectateurs.
En 1910, Léon Gaumont rachète l’hippodrome de la place Clichy et le transforme en une salle de cinéma monumentale : le Gaumont-Palace, inauguré un an plus tard. Il devient, pendant un temps, la plus grande salle de cinéma au monde avec 6 000 places assises. Peu à peu, la société développe un réseau de salles à travers toute la France.
Léon Gaumont se retire en 1930, à l’avènement du cinéma parlant, et une première mutation voit sa société devenir la Gaumont Franco Film Aubert (GFFA). En 1938, la GFFA devient la Société Nouvelle des Établissements Gaumont (SNEG).
L’arrivée en 1975 de Nicolas Seydoux à la tête de la société marque un tournant décisif. Ce dernier intensifie l’orientation de la société vers les coproductions, la télévision et les marchés internationaux. Son directeur général, Daniel Toscan du Plantier, initie dans cette logique une politique de production européenne ambitieuse, mêlant grands succès populaires et œuvres plus avant-gardistes.
Puis, les années 2000 marquent l’entrée dans l’ère numérique : Gaumont Vidéo est créée en 2003 pour éditer les DVD de son catalogue, suivie en 2004 par la naissance de GP Archives (Gaumont Pathé Archives, fruit du regroupement des catalogues de la Cinémathèque Gaumont et de Pathé Archives conservés depuis 1896), dédiée à la conservation et à la valorisation des fonds historiques de la société.
Dès 2015, la société s’intéresse au streaming et travaille avec les plus gros acteurs du mileu en produisant par exemples Narcos (Netflix), El Presidente (Prime video), Stillwater (AppleTv+), Becoming Karl Lagerfeld (Disney+)
Avant de proposer en 2022 sa propre plateforme : Gaumont Classique. Riche de plus de 200 films en noir et blanc issus de
son catalogue – courant environ des années 1920 aux années 1960 –, cette nouvelle plateforme apporte un vent de fraicheur au sein d’un marché de la SVOD légèrement saturé. La plupart de ses films sont incontournables et restent introuvables ailleurs en streaming ou très peu diffusés à la télévision.
Gaumont n’a donc cessé de marquer de son empreinte l’histoire du cinéma, en France comme à l’international. Pionnière de l’innovation technique, visionnaire dans ses stratégies de promotion et actrice clé de la diffusion du cinéma auprès du grand public, la société a su anticiper les mutations d’un art en perpétuelle évolution 130 ans durant.
Aujourd’hui, à travers ses actions de restauration, de conservation et de diffusion, Gaumont incarne bien plus qu’une simple société : elle est une mémoire vivante du septième art, mais aussi une force créative en mouvement, tournée vers l’avenir.