06 octobre 2025

Daniel Day-Lewis défend le "Method Acting"

De retour sous les projecteurs après sa retraite, Daniel Day-Lewis a pris la parole pour défendre son approche du métier et notamment le "method acting", dont il est l'un des plus célèbres adeptes. Une pratique de plus en plus décriée. Ces dernières années, on a par exemple entendu Brian Cox reprocher à son camarade de Succession, Jeremy Strong, de trop en faire.

Mais dans un entretien au New York Times, le vainqueur des 3 Oscars explique d'abord qu’il "n’aime pas penser au jeu d’acteur en termes de technique". Pour lui, se concentrer à l’excès sur le processus détourne les comédiens de l’essentiel : "On finit par s’attarder sur des détails moins importants du travail."

Et il poursuit en insistant : 

"Bien sûr, il y a des techniques de jeu qu’on peut apprendre. Je sais que la Méthode est devenue une cible facile aujourd’hui. Mais je suis un peu agacé d’entendre toutes sortes de gens jacasser en disant qu’untel est ‘parti en full Method’, ce qui laisse entendre qu’un acteur se comporte comme un fou à l’extrême..."

Pour rappel, ce qu'on appelle Method Acting — ou la Méthode, également appelée Système Stanislavski — suggère une plongée totale de l'acteur dans le personnage, sans sortir du rôle. Une approche qui a profondément marqué le cinéma américain, inspirant dès les années 1960 des acteurs comme Marlon Brando, Al Pacino ou Robert De Niro.

Daniel Day-Lewis ne veut pas que cette manière d'incarner soit stigmatiser et défend :

"Tout le monde a tendance à se focaliser sur les détails secondaires du travail, qui sous-entendraient une sorte d’auto-flagellation systématique ou une expérience d’inconfort sévère, voire d’instabilité mentale avec la Methode. Mais dans la vie d’un acteur, ça doit avant tout venir d'un travail intérieur !"

L’acteur avait annoncé sa retraite en 2017, peu avant la sortie de Phantom Thread de Paul Thomas Anderson. Mais en 2025, Daniel Day-Lewis a refait surface dans Anemone, un drame indépendant signé par son fils Ronan Day-Lewis. Il y incarne Ray, un ancien soldat britannique devenu reclus. On ne sait pas s'il a utilisé la Méthode sur le tournage du film...

Ridley Scott trouve que les films actuels sont nuls

Il n'a jamais été du genre à se cacher derrière son petit doigt. 

Et à 87 ans, Ridley Scott ne mâche plus ses mots. Le réalisateur d’Alien, Blade Runner et Gladiator a livré un réquisitoire sans concession contre l’état actuel du cinéma hollywoodien lors d’un screentalk au BFI Southbank, qui se tenait ce dimanche 5 octobre, et animé par son fils Luke Scott. Interrogé sur les films faits aujourd'hui, ses habitudes de visionnage et les films qu'il revoit avec plaisir, il répond cash :

"Eh bien, là en ce moment je trouve la médiocrité… on est noyés dans la médiocrité... Donc ce que je fais, et c’est horrible, mais j’ai commencé à revoir mes propres films, et en fait, ils sont vraiment bons ! Et puis je trouve qu'ils ne vieillissent pas."

Une déclaration égotique qui a le mérite de ne pas tourner autour du pot. Et Ridley Scott va même plus loin en avouant être surpris par la qualité de son thriller militaire, La Chute du Faucon Noir :

"Je me suis dit en le revoyant : 'Mais comment j’ai fait ça ?’ A part ça, je pense que de temps en temps, il y a un bon film qui sort, et là c’est un soulagement de voir qu’il y a quelqu’un qui fait un vrai bon film aujourd'hui".

Le réalisateur met aussi en garde contre la prolifération des films de streaming et des films aux effets numériques excessifs :

"La quantité de films qui se font aujourd’hui, littéralement dans le monde entier, des millions. Pas des milliers, des millions, et la plupart c’est de la merde. Je dirais 80% ? 60% ?Il doit rester 40% de films qui ne sont pas de la merde et 25% de ce 40% n’est pas nul. Et 10% de ces films sont assez bon. Et donc il reste 5% du top, qui sont géniaux… Je pense que beaucoup de films aujourd’hui sont sauvés et rendus plus chers par les effets numériques, parce que dès le départ, sur le papier, il manque une super idée. Mettez-le sur le papier d'abord !"

Dans le reste de la soirée, Ridley Scott a parlé de son cinéma et discuté de ses classiques, qualifiant Blade Runner de son "film le plus personnel".

"C'était la première fois que je faisais un film à Hollywood, et j’étais un étranger dans un pays étrange… parce que je suis anglais. J’avais fait The Duelist et Alien, je pensais que ça voulait dire quelque chose — j’avais l’habitude d’être le boss. Ça a commencé à me freiner, et c’était agaçant. C’était un super film, mais le faire a été très dur, et je pense que le film n’a pas eu de succès non plus parce que c’était si différent et un univers complètement nouveau. Je devais l’avoir dans ma tête, sur le papier, et les gens n’avaient jamais vu ça avant. Moi non plus."

Destination Finale 7 sera réalisé par Michiel Blanchart

Pour la première fois dans l'histoire de la saga, le prochain film Destination Finale sera réalisé par un metteur en scène francophone. Le Belge Michiel Blanchart a été choisi par le studio pour succéder à Adam Stein et Zach Lipovsky, réalisateurs de Destination Finale Bloodlines, dernier opus en date.

Michiel Blanchart s'est fait remarquer par son premier film, La Nuit se traîne, sorti en France le 28 août 2024. En Belgique, ce thriller policier a reçu pas moins de 10 récompenses lors de la 14e cérémonie des Magritte du Cinéma - l'équivalent des César en Belgique. Un record historique.

Un des courts métrage du réalisateur, intitulé T'es morte Hélène, a même tapé dans l'oeil de Sam Raimi qui en produira l'adaptation en long métrage.

Ce septième volet de la saga Destination Finale sera coécrit par Lori Evans Taylor, coscénariste du volet précédent, Bloodlines.

L'annonce de cette suite n'est pas surprise tant le sixième film a été un véritable succès au box-office. Doté d'un budget de 50 millions de dollars, Destination Finale Bloodlines a récolté pas moins de 314 millions de dollars dans le monde. En France, le film a séduit 1 119 616 spectateurs dans les salles.

Pour l'heure, aucune date officielle n'a été révélée.

Avatar 3 aura droit à une vraie fin

Trois ans après le méga succès d’Avatar : La Voie de l’eau, la sortie de sa suite intitulée De feu et de cendres approche à grand pas. Invité du podcast CrewCall, James Cameron a fait quelques révélations sur ce film très attendu, qui sera dans la continuité du deuxième épisode et introduira une toute nouvelle tribu, appelée Peuple des Cendres.

"Au début, les deuxième et troisième volets formaient un seul film. Nous avons essayé de tout condenser en un seul film, mais cela n'a jamais fonctionné. J'ai donc décidé de les séparer en deux films distincts. En réalité, ils complètent un arc narratif", a ainsi partagé le cinéaste. Et de confier :

"La fin du troisième volet vous amène à la fin d'un arc narratif pour la famille Sully. Un tout nouvel arc commence dans les quatrième et cinquième volets."

Rappelons que le premier Avatar montrait la rencontre entre l’humain Jake Sully (Sam Worthington) et la Na’vi Neytiri (Zoe Saldana), qui finissaient par tomber amoureux malgré leurs différences. Et on découvrait dans le deuxième film qu’ils avaient fondé une famille, qui se retrouvait confrontée à de terribles épreuves. Ces derniers seront-ils au cœur des épisodes suivants ? Rien n’est moins sûr puisque James Cameron a ajouté sur De feu et de cendres :

"La seule chose que je peux promettre avec ce film, c'est qu'il y a un véritable sentiment d'aboutissement. Ce n'est pas juste un cliffhanger (...). Ce n'est pas Han Solo dans la carbonite, vous voyez ce que je veux dire ? Où vous devez revenir pour voir la suite."

"Si j'arrive à faire les épisodes 4 et 5, cela deviendra une sorte de nouvelle histoire épique", a-t-il conclu. Et en effet, si James Cameron a toujours voulu proposer cinq films dans l’univers d’Avatar - et qu’il a même des idées pour plus d’épisodes -, les prises de vue pour ces suites dont l’intrigue reprendra après un gros saut dans le temps et où l'on verra notamment la Terre n’ont pas commencé (hormis pour quelques passages avec les enfants Sully, tournés avant que les comédiens ne deviennent trop âgés).

Les résultats d’Avatar : De feu et de cendres au box-office seront d’ailleurs déterminants pour la suite de l’aventure, comme l'a rappelé James Cameron en déclarant : "Je veux être clair, on dépense beaucoup d'argent pour ces films (...), mais le quid pro quo est qu'on doit rapporter beaucoup d'argent pour pouvoir continuer."

Avatar reste à ce jour le plus gros succès de l’histoire grâce à ses 2,9 milliards de dollars récoltés dans le monde, tandis que La Voie de l’eau (2,3 milliards) est à la troisième position. Le troisième film arrivera-t-il lui aussi à tutoyer les sommets du box-office, lui garantissant une suite ? Réponse à partir du 17 décembre prochain.

05 octobre 2025

Il y a 32 ans, Kevin Costner a tout fait pour empêcher la sortie de Tombstone concurrent de Wyatt Earp

En 1993, Hollywood est le théâtre d’un duel inattendu. Deux westerns, deux visions d’un même mythe, et une seule place au soleil : celle réservée à la légende de Wyatt Earp, figure emblématique du Far West. D’un côté, Tombstone. De l’autre, Wyatt Earp. Et au milieu, une rivalité artistique et commerciale intense.

Tout commence avec Tombstone, un scénario signé Kevin Jarre, qui imagine Kevin Costner dans le rôle-titre. Le film devait retracer l’affrontement légendaire de l’OK Corral, épisode fondateur de la mythologie de Wyatt Earp. Mais Costner voit plus grand. Il rêve d’un biopic épique, retraçant la vie entière du célèbre marshal, de son enfance jusqu’à sa mort. Il quitte donc le projet initial et lance sa propre production : Wyatt Earp, réalisé par Lawrence Kasdan.

Kevin Jarre, lui, n’abandonne pas. Il trouve en Kurt Russell son nouvel Earp, et réunit autour de lui un casting solide : Val Kilmer en Doc Holliday, Sam Elliott, Bill Paxton… Le tournage peut commencer.

Le problème ? Jarre, bien qu’excellent scénariste, n’a jamais dirigé un film. Rapidement dépassé, il est écarté. Kurt Russell, très impliqué dans la production, décide alors de reprendre officieusement les commandes du tournage. Il racontera plus tard qu’il a dirigé Tombstone dans l’ombre, sans jamais apparaître officiellement en tant que réalisateur.

Pour donner une façade crédible à cette réalisation secrète, Russell fait appel à George Pan Cosmatos, connu pour avoir épaulé Sylvester Stallone sur Rambo II.

“Il nous fallait un réalisateur fantôme. Ils voulaient que je prenne les rênes du film. J’ai répondu : ‘Je vais le faire, mais je ne veux pas que mon nom apparaisse’”, déclarera plus tard Kurt Russell. “J’ai appelé Sly en lui disant que j’avais besoin d’un type. Sly avait fait la même chose sur Rambo 2, avec George. J’ai donc dit à George : ‘Tant que tu es en vie, George, je ne dirais rien.’”

Cosmatos est décédé en 2005. Grâce à cette couverture, le tournage peut se poursuivre. Russell va même jusqu’à sacrifier certaines de ses scènes pour équilibrer le film et mettre en valeur ses partenaires.

Pendant ce temps, Kevin Costner, en pleine gloire post-Danse avec les loups, met tout en œuvre pour faire de son Wyatt Earp le seul western sur le marché. Il utiliserait même, selon certaines sources, son influence pour bloquer l’accès de Tombstone aux principaux distributeurs. Kurt Russell affirme même que Costner aurait monopolisé les costumes western disponibles à Hollywood pour freiner la production concurrente.

Privé de soutien, Tombstone trouve finalement refuge chez Buena Vista (Disney), qui décide de le sortir discrètement le 25 décembre 1993. Face à une concurrence féroce (Philadelphia, Les Grincheux...), le film tient bon et engrange plus de 73 millions de dollars pour un budget de 25 millions. Un joli succès.

Six mois plus tard, Wyatt Earp arrive sur les écrans, avec ses trois heures de projection et ses grandes ambitions. Malgré là aussi une belle distribution composée de Dennis Quaid, Gene Hackman, Jeff Fahey, Mark Harmon, Michael Madsen, Catherine O’Hara, Bill Pullman, Isabella Rossellini ou encore Tom Sizemore, le public ne suit pas. Le film rapporte 56 millions de dollars, pour un budget de 63 millions : une défaite cinglante pour Costner.

Ironie du sort, le projet suivant de l’acteur, Waterworld, fera à son tour couler beaucoup d’encre, cette fois pour de toutes autres raisons.

Mort à 61 ans du réalisateur Xavier Durringer

Le réalisateur, scénariste et dramaturge Xavier Durringer est décédé ce dimanche 5 octobre, à l'âge de 61 ans. Le grand public le connaît pour sa satire politique La Conquête - consacrée à l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy -, les cinéphiles lui doivent le polar impressionnant de réalisme J'irai au paradis car l'enfer est ici. Il est décédé des suites d'une crise cardiaque à son domicile de L'Isle-sur-la-Sorgue.

Né à Paris, Xavier Durringer se passionne très vite pour le théâtre. Il fréquente la réputée Acting International. Au sortir de cette école, il crée, à la fin des années 80, une compagnie théâtrale nommée la Lézarde. Cette initiative lui permet d'écrire et de mettre en scène de nombreuses pièces. Il constitue une troupe avec des comédiens comme Eric Savin, Gérald Laroche, Edouard Montoute ou Jean Miez. Parmi ses oeuvres les plus connues figurent Une rose sous la peau (1988), La Quille (1999), Histoires d'Hommes (2005) et Les Déplacés (2005). Les dialogues qu'il écrit frappent par leur langage cru. Les récits qu'il crée représentent le plus souvent des histoires d'amour torturées et explorent des parcours humains toujours sinueux. Durringer est régulièrement invité au Festival d'Avignon pour y faire jouer ses pièces. Il y a conquis le public depuis ses premières mises en scènes. Nombre de ses textes, parus en France aux Editions Théâtrales, sont traduits dans de nombreuses langues étrangères.

Xavier Durringer passe à la réalisation cinématographique en 1993 avec La Nage indienne, un drame sentimental sur deux hommes et une femme qui essayent de vivre dans l'amour, l'amitié, la nonchalance et l'insouciance. Après cette première tentative, il se tourne vers le polar avec son deuxième long-métrage intitulé J'irai au paradis car l'enfer est ici. Le film fait le récit d'un gangster en quête de rédemption mais condamné malgré lui à la dure loi du milieu. Applaudi dans plusieurs festivals de cinéma dont celui de San Sebastian et de Montréal, J'irai au paradis car l'enfer est ici permet à son cinéaste d'obtenir une certaine reconnaissance critique. Xavier Durringer s'essaye ensuite au film de boxe. Chok dee, sorti en 2004, met en scène un délinquant qui, après un séjour en incarcération, cherche à à changer de vie par le biais des arts martiaux. Durringer tourne aussi quelques courts-métrages et participe à des films collectifs comme 3000 scénarios contre un virus ou Pas d'histoires ! 12 regards sur le racisme au quotidien.

En 2011, il réalise cette fois une politique-fiction, La Conquête, qui revisite les dessous de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy entre 2003 et 2007. Le film fait date dans l'histoire du cinéma français : jamais auparavant un long-métrage de fiction n'avait été réalisé sur un Président de la République encore dans l'exercice de ses fonctions. La Conquête est projeté en sélection officielle à Cannes en 2011.

Durringer se tourne ensuite vers la télévision, où il enchaîne les unitaires, dont le La Fugue et Ne m'abandonne pas. Pour son retour au cinéma, en 2019, il renoue avec le genre qui avait marqué ses débuts, le polar. Pour Paradise Beach, qui fera plus tard le bonheur des plateformes de streaming, il réunit Samy Bouajila, Tewfik Jallab et Kool Shen. Pour son dernier film, L'Homme parfait, il s'essaie à la comédie, tendance satire grinçante de la société moderne, et s'entoure pour l'occasion de grands noms, Didier Bourdon, Valérie Bonneton et Pierre-François Martin-Laval. Malheureusement, le film ne trouve pas son public.

04 octobre 2025

Once Upon a Time in Hollywood : la fameuse scène entre Bruce Lee et Brad Pitt ne devait pas tout à fait se terminer ainsi

Désenchanté et émouvant, Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino a largement sû conquérir la critique et le public avec son film. Dans cet hommage foisonnant aux acteurs et actrices dans un Hollywood revisité, on y croise même la route d'un Bruce Lee très / trop sûr de lui, pour ne pas dire carrément arrogant.

Il s'agit en l'occurrence de la désormais fameuse séquence où l'acteur / réalisateur et maître des arts martiaux fanfaronne sur un plateau de tournage, et se vante de pouvoir battre le boxeur Mohammed Ali, avant de provoquer un combat avec le cascadeur Cliff Booth (interprété par Brad Pitt) qui se moque de son attitude. Le combat est finalement interrompu avant son terme par une femme travaillant sur la production du show Le Frelon vert.

A l'origine, Tarantino avait écrit une version un poil plus longue dans laquelle Cliff battait Lee, mais celle-ci a été sensiblement rabotée après que Brad ait objecté : "C'est Bruce Lee, mec !"

Dans ce très sympathique billet publié en 2019, son auteur, sur le mode du "Et si..." développé dans le film, fantasmait ainsi les retrouvailles de Bruce Lee et Cliff Booth pour régler leur petite affaire inachevée évoquée plus haut. Et ils se retrouvaient carrément à la fin du film ! Aux côtés de son ami (et élève en arts martiaux dans la vraie vie) Steve McQueen (incarné par Damian Lewis), Bruce Lee arrivait à la résidence du réalisateur Roman Polanski, mais se retrouvait involontairement pris dans la scène bien saignante que l'on voit à la fin.

Là, Bruce Lee, épaulé par Cliff Booth et Rick Dalton, tabassaient les membres de la "famille" de Charles Manson cherchant à commettre leurs méfaits. Et Bruce Lee de faire ça avec classe en prime, en portant ses lunettes de soleil, les laissant chez Polanski avant de s'enfuir à l'arrivée de la police.

Toujours est-il que la scène de Bruce Lee n'a pas franchement été appréciée par sa fille, Shannon Lee. Interrogée par le site The Wrap, elle avait confié ne pas avoir été contactée par Tarantino à propos de son père, tout comme elle n'a pas caché son vif agacement à propos du portrait qui en est fait...

"Je comprends qu'ils veuillent faire du personnage de Brad Pitt quelqu'un de super badass qui pourrait battre Bruce Lee, mais ils n'avaient pas besoin de le traiter de la façon dont le Hollywood blanc de l'époque l'a fait de son vivant. il est montré comme un trou du cul arrogant qui brasse de l'air, et pas comme quelqu'un qui a dû lutter trois fois plus que les autres pour accomplir ce qui était naturellement donné à d'autres (...).

Ce qui m'intéresse c'est de sensibiliser au fait que Bruce Lee était un être humain et à la façon dont il a vécu sa vie. Tout cela a été mis à mal et a fait de mon père un sac de frappe arrogant". Avant de conclure par un lapidaire : "C'était très désagréable de m'asseoir au cinéma et d'entendre les gens se moquer de mon père".

Interpellé à ce sujet lors d'une interview promotionnelle du film à Moscou en août 2019, Tarantino s'était défendu d'avoir déformé la réalité : "Bruce Lee était un type plutôt arrogant", déclara-t-il dans des propos rapportés par le site Variety. "La manière dont il s'exprimait, je n'ai pas tout inventé. Je l'ai entendu dire des trucs comme ça. Les gens prétendent qu'il n'a jamais dit qu'il pouvait battre Mohammed Ali, et bien si, il l'a dit. Non seulement il l'a dit mais sa femme, Linda Lee, a rapporté ces propos dans sa première biographie que j'ai lu. Elle a tout à fait dit ça."

Pour justifier ce choix de représentation, Q.T. invoqua justement le principe de la fiction : "si on me demande : "qui gagnerait dans un combat entre Bruce Lee et Dracula ?" c'est la même chose. Il s'agit d'un personnage de fiction. Si je dis que Cliff peut battre Bruce Lee, c'est un personnage de fiction donc c'est possible.

Voilà la réalité de la situation : Cliff faisait partie des Forces Spéciales. Il a tué beaucoup d'hommes pendant la Seconde Guerre mondiale dans des combats à mains nues. Ce que Bruce Lee veut dire dans tout ça, c'est qu'il admire les guerriers avant tout. Il admire le combat, et la boxe est ce qu'il s'approche le plus du combat dans le sport.

Cliff ne pratique pas un sport, c'est un guerrier (...) Si Cliff devait se battre contre bruce Lee dans un tournoi d'arts martiaux dans un stade, Bruce le tuerait. Mais si Cliff et Bruce se battaient dans la jungle des Philippines dans un combat à mains nues, Cliff le tuerait."

Des explications que n'avait pas franchement apprécié Shannon Lee, qui lâcha au micro de Variety : "Il pourrait juste la fermer. Ce serait vraiment sympa. Ou alors il pourrait s’excuser et dire "Je ne sais pas vraiment qui était Bruce Lee. Je l’ai décrit de cette façon dans mon film, mais il ne faut pas le prendre comme le reflet de ce qu’il a vraiment été". 

Lettres d'Iwo Jima : sorti il y a 19 ans, ce chef-d'oeuvre de Clint Eastwood est considéré comme l'un des films de guerre les plus réalistes de tous les temps

En 2006, Clint Eastwood surprenait le monde du cinéma avec Lettres d’Iwo Jima, un film de guerre pas comme les autres. Contrairement aux productions hollywoodiennes habituelles, ce long-métrage adopte un point de vue rarement exploré : celui des soldats japonais pendant l’une des batailles les plus sanglantes de la guerre du Pacifique.

Entre février et mars 1945, les forces américaines lancèrent une offensive d’envergure contre l’île d’Iwo Jima, tenue par environ 22 000 soldats de l’Empire du Japon. Le bilan fut dramatique : côté américain, on dénombre près de 25 000 pertes, dont 6 821 morts. Mais c’est du côté japonais que les pertes furent les plus écrasantes : seulement 1 083 survivants. Cette bataille, filmée à l’époque en couleurs, reste l’un des affrontements les plus violents et les plus symboliques du conflit dans le Pacifique.

Clint Eastwood s’intéresse ici à l’humanité de l’ennemi, en racontant l’histoire à travers les yeux de Tadamichi Kuribayashi, le général japonais chargé de la défense de l’île, brillamment interprété par Ken Watanabe. Le scénario, co-écrit par Iris Yamashita, Paul Haggis et basé sur des lettres authentiques de soldats (Picture Letters from Commander in Chief de Kuribayashi), explore la dimension profondément humaine et tragique de ces hommes envoyés à une mort certaine.

Ce film constitue le pendant de Mémoires de nos pères, tourné la même année par Clint Eastwood. Là où ce premier volet montre le conflit du côté américain, Lettres d’Iwo Jima vient compléter la vision en offrant une perspective miroir. Ce diptyque unique dans l’histoire du cinéma américain propose une vision équilibrée et nuancée d’un affrontement où, des deux côtés, les hommes ont souffert, résisté et douté.

L’un des aspects les plus fascinants du film, salué par les historiens, est la reconstitution minutieuse des tunnels et infrastructures défensives japonaises. On y découvre notamment un réseau souterrain de 27 kilomètres, utilisé par les défenseurs pour résister le plus longtemps possible face à l’avancée ennemie.

Dans une analyse proposée par le média Insider, l’historien John McManus attribue une note de 9 sur 10 au film, louant sa précision historique et sa capacité à rendre compte de la complexité psychologique des combattants japonais. Pour lui, ce diptyque représente une initiative quasi unique.

“Ce qui rend Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima un peu spéciaux, c’est que je ne connais aucune autre circonstance avec un film qui dépeint en quelque sorte les deux côtés dans deux films différents, qui a ce genre de pièce complémentaire dans laquelle [...] vous pouvez vraiment avoir une bonne idée de ce qu'était cette bataille des deux points de vue.”

Malgré sa qualité exceptionnelle, le projet n’a pas rencontré le succès escompté en salles : Lettres d’Iwo Jima a généré environ 68 millions de dollars, tandis que Mémoires de nos pères a à peine atteint 65 millions. Des résultats modestes qui contrastent avec l’ambition et la puissance émotionnelle des deux œuvres.

Dans l’histoire du cinéma de guerre, Lettres d’Iwo Jima s’impose pourtant comme une œuvre incontournable, au même titre que Feux dans la plaine de Kon Ichikawa, un film japonais poignant qui, lui aussi, adopte le regard des soldats nippons pris au piège entre deux feux à la fin de la guerre.

Authentique, bouleversant et profondément humain, le film de Clint Eastwood redéfinit ce que peut être un film de guerre : non plus une simple glorification des héros, mais une exploration intime de la souffrance, du courage et du désespoir, quel que soit le camp.

Lettres d’Iwo Jima et Mémoires de nos pères sont à (re)découvrir sur HBO Max.

03 octobre 2025

Lakestone : cette romance déconseillée aux moins de 16 ans est un vrai phénomène, et elle va devenir un film sur Amazon Prime

“C’est avec une immense joie que je viens vous annoncer, enfin, après des mois de silence, que Lakestone sortira très prochainement sur Prime Vidéo !”

C’est l'autrice elle-même qui l’a annoncé via une vidéo publiée par le compte Tik Tok de Prime Vidéo France : sa dark romance à succès va bel et bien devenir un film destiné à la plateforme. Un accomplissement pour Sarah Rivens, dont les romans caracolent systématiquement en tête des ventes dès leur parution.

Si jamais vous êtes passés à côté du phénomène, et que vous ne comprenez pas pourquoi une partie d’internet vient tout juste d’exploser de joie : surtout pas de panique, on va tout vous expliquer !

En guise d’introduction, voici une définition de ce genre littéraire, devenu en quelques années une véritable locomotive pour le monde de l’édition. La plus synthétique qu’on ait trouvée est celle Magali Bigey, de l’université de Franche-Comté (tout à fait) : “Sous-genre littéraire apparu dans les années 2010 et devenu très populaire dans les années 2020, la « dark romance » (romance sombre) entre dans la catégorie des histoires d’amour malsaines, mettant en scène des relations parfois condamnées par la morale ou par la loi.”

On vous laisse imaginer tout ce que cette définition implique de passionnant pour les amateurs du genre, en précisant tout de même qu’il existe à l’intérieur de la dark romance une sorte de gradation dans la “violence sentimentale”, allant de la (simple) passion torride avec un criminel, aux scènes “d’amour” ultra-violentes dans certains cas.

Les livres Lakestone de Sarah Rivens sont quant à eux déconseillés aux moins de 16 ans par l’éditeur. Ils racontent l’histoire d'une étudiante nommée Iris qui va devoir travailler dans un bar mal fréquenté pour réussir à payer ses études. Ce nouveau job va tout changer dans sa vie puisqu'elle va y croiser Kai Lakestone, un mercenaire chargé de récupérer une somme d’argent volée par le père d'Iris.

Kai va donc entreprendre de la kidnapper afin de faire pression sur son ennemi, mais les deux personnages vont finir par tisser des liens. Entre vengeance et survie, cette relation va chambouler leurs destins.

Lors de la conférence Prime Vidéo Presents, la plateforme a souligné vouloir se concentrer sur des contenus à destination d’un public jeune et féminin. Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’ils soient allés vers les romans de Sarah Rivens, dont les récents succès annoncent un partenariat fructueux pour les deux parties.

Pour l’heure, aucun nom ne nous a été communiqué, qu’il s’agisse du casting ou de l’équipe créative. Et en ce qui concerne la date de sortie, rien d’officiel non plus…

Les fans vont devoir prendre leur mâle en patience !

King Kong : ce détail présent au début du film n'a pas été choisi au hasard par Peter Jackson

Lorsque Peter Jackson s'attaque à l'adaptation d'une œuvre existante, il s'y plonge corps et âme. Si cela était peut-être moins évident sur Le Hobbit, son travail sur Le Seigneur des Anneaux et King Kong est vraiment impressionnant. Sa version de l'aventure du gorille géant ramené de son île jusqu'à New York est extrêmement référencée voire par certains moments cérébrale.

Lors d'une séquence au début du film, Hayes (Evan Parke) et Jimmy (Jamie Bell) discutent avant de prendre la mer. Le premier découvre que le second se cultive en lisant le livre Au cœur des ténèbres signé Joseph Conrad. Un ouvrage qui est loin d'avoir été choisi au hasard par Peter Jackson.

Au cœur des ténèbres raconte le voyage d'un équipage pour retrouver un dénommé Kurtz, un collecteur d'ivoire ne donnant plus aucune nouvelle depuis qu'il est parti au cœur de la jungle et explorant certains aspects les plus sombres de l'humanité. Cet ouvrage est l'une des inspirations majeures de Merian C. Cooper, co-réalisateur et co-scénariste du premier King Kong (1933).

C'est aussi une référence explicite aux personnages passionnés de tous les films King Kong, qui poursuivent leur expédition quoi qu'il en coûte, jusqu'à l'obsession. Grand fan du premier film, Peter Jackson n'a pas fait ce clin d'œil appuyé au hasard. Pour en savoir plus, nous vous recommandons le documentaire Merian C. Cooper, le dernier conquérant de Jean-François Dickeli et Vincent Nicolet, diffusé le 21 septembre dernier sur TCM.

Le film de 1933 a connu une suite sortie à peine huit mois plus tard, réalisée par Ernest B. Schoedsack, l'autre metteur en scène du premier film. Suite à la mort de la bête dans le premier, le personnage du réalisateur - toujours joué par Robert Armstrong - retourne sur Skull Island et y découvre Le Fils de Kong.

N'ayant droit qu'à la moitié du budget de King Kong et à un temps de tournage trop court, Le Fils de Kong est beaucoup moins beau que le précédent film mais réalise tout de même un box-office quasiment aussi bon que le premier épisode. Un succès qui ne conduira pas à un 3e opus, mais qui donnera tout de même lieu à d'autres adaptations au fil des décennies.

Parmi les nouvelles incarnations de King Kong, citons celle de John Guillermin avec Jeff Bridges et Jessica Lange (1976) et sa suite plus méconnue sortie en 1986 en passant par les deux films que lui a consacré le cinéaste nippon Ishirô Honda en l'opposant notamment à Godzilla durant les années 60.

Plus proches de nous, Warner a redonné vie au gorille géant via Kong: Skull Island, Godzilla vs Kong et Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire, qui l'ont à nouveau remis sur le devant de la scène. Retour gagnant pour le moment, car les trois films ont rapporté 1,6 milliard de dollars. De quoi donner envie au studio de continuer sur cette voie.