30 octobre 2025

Martin Scorsese tient en très haute estime la suite du film L'Exorciste

Véritable mémoire vivante du cinéma, tant sa culture cinématographique est proprement encyclopédique ("Je ne connais que Steven Spielberg qui soit capable de rivaliser avec lui" dira Leonardo DiCaprio), Martin Scorsese brasse extra large sur ses goûts. Dans cette logique, le registre de l'horreur ne lui pose aucun problème, bien au contraire.

Le maître a ses totems, évidemment. Les films d'épouvante de la Hammer, par exemple, qu'il a découvert lorsqu'il avait 11-12 ans. "Quand on voyait le logo de Hammer Films, on savait qu'il s'agissait d'un film très spécial, d'un genre particulier. C'était généralement une expérience surprenante, voire choquante. Quand on a vu Frankenstein s'est échappé, on a trouvé qu'il y avait une qualité graphique totalement injustifiée, ce qui l'a rendu extrêmement attachant à nos yeux. On l'a beaucoup apprécié" racontera-t-il dans une interview en 1987.

Au sommet de sa pile, dans un classement qui avait été fait par Daily Beast en 2015, il placait un pur chef-d'oeuvre, La Maison du Diable de Robert Wise, suivi par L'île des morts de Mark Robson, sorti en 1945. En septième position de son top 10, il mettait un autre sommet du genre, classique indéboulonnable : Shining de Stanley Kubrick. "Kubrick a réalisé un film majestueusement terrifiant, où ce que vous ne voyez pas ou ne comprenez pas assombrit chacun des gestes des personnages" disait-il.

Juste en-dessous figurait L'Exorciste de William Friedkin, qu'il décrit comme "tout aussi terrifiant qu'au jour de sa sortie". 52 ans après sa sortie dans nos contrées, le film de Friedkin reste, effectivement et plus que jamais, un monument de terreur brut.

Dans cette histoire de possession dont l'enjeu millénaire repose in fine sur la lutte éternelle entre les forces du Bien et celles du Mal, le cinéaste délivrait une expérience viscérale proprement traumatisante pour le public qui l'a découvert dans les salles obscures à l'époque.

Le film a tellement choqué et effrayé les spectateurs que bon nombre d'entre eux ont confondu la fiction et la réalité : Linda Blair, qui incarne la pauvre Regan, aurait été vraiment possédée, folle, était un suppôt du Diable... Dans des interviews, Blair avait même déclaré que des journalistes de l'époque lui demandaient avec effroi ce qu'il en était de la possession...

On se pince pour le croire, et pourtant. Martin Scorsese trouvait que L'Exorciste II : l'hérétique, sorti en 1978 et réalisé par John Boorman, "surpassait" le film original, et que cette suite l'avait terrifié. C'est ce qu'il avait écrit dans la revue Film Comment, dans le numéro de septembre-octobre 1978. "J'aime le premier Exorciste, à cause de ma culpabilité catholique et parce qu'il m'a terrifié, mais The Heretic le surpasse. Boorman n'a peut-être pas réussi à exploiter le sujet, mais le film méritait mieux que ce qu'il a obtenu".

Le film de Friedkin fut effectivement un triomphe en salle, récoltant 430 millions de dollars de recettes (soit, ajusté à l'inflation, plus de 1,01 milliards de dollars aujourd'hui !!!). L'Exorciste II, lui, fut une catastrophe absolue, avec à peine 30,7 millions $ au compteur...

Friedkin n'ayant aucune envie de rempiler, le projet de cette suite était donc passé entre les mains de John Boorman, qui avait acquis une reconnaissance internationale avec l'énorme succès de son film Délivrance, en 1972, mais avait connu, en 1974, un cuisant échec avec Zardoz. Trois ans plus tard, cet Exorciste II était censé le remettre en selle...

Ironiquement, Friedkin lui-même figurait parmi les féroces détracteurs de cette suite, racontant même (via Collider) que les spectateurs s'étaient carrément révoltés durant sa projection. Au-delà de sa triste réputation, il mérite quand même d'être découvert.

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