27 juin 2025

Pourquoi la fin de 28 ans plus tard est bien plus glaçante pour les Britanniques

 

Attention, spoilers à suivre si vous n’avez pas encore vu 28 Ans plus tard.

Si la scène finale de 28 Ans plus tard vous a cueillis par surprise, c’est bien normal. Dans les dernières minutes du film, alors que le jeune Spike (Alfie Williams) est sauvé in extremis par un certain Jimmy et son gang de « Jimmies ». Le personnage est incarné par Jack O’Connell, habillé en survêtement, portant des cheveux blonds et longs, des anneaux clinquants et une croix à l’envers autour du cou… On comprend vite qu’il s’agit du gamin de la scène d’introduction, qui regardait les Télétubbies et échappait aux infectés en se cachant sous l’église de son prêtre de père, alors que ce dernier acceptait avec une certaine délectation de se faire dévorer. 

La rupture de ton est assez violente (Jimmy et ses « Jimmies » la jouent Yamakazi de l’apocalypse pour occire les infectés), mais le choc a dû être bien plus important pour les spectateurs britanniques : les accoutrements des personnages sont directement inspirés de Jimmy Savile, icône télévisuelle britannique déchue et pédocriminel dont les nombreux crimes (on parle de potentiellement plusieurs centaines de victimes) n’ont été connus qu’après sa mort en 2011.

Dans l’univers de 28 Ans plus tard, le scandale Savile n’a jamais éclaté puisque le virus de la rage est apparu en 2002. Jimmy Crystal - le nom complet du personnage du film - n’a connu que la façade médiatique de l’homme : le présentateur fantasque de l’émission Jim’ll Fix It, qui proposait d’exaucer les vœux des enfants. On comprend que cette figure est devenue, dans l’esprit de cet enfant seul dans un monde ravagé, une sorte modèle. Jusqu’à fonder un culte à son image…

« Le traumatisme qu’il subit est évidemment inimaginable : sa famille est tuée sous ses yeux, et son père devient le chef d’une sorte d’armée apocalyptique », explique Danny Boyle lors d’une projection du film organisée par le magazine Empire. « Il a traité ce traumatisme à travers les souvenirs de la pop culture, les survêtements de sport et le cricket. Il a en quelque sorte mélangé tout ce dont il se souvient. » 

Il précise par ailleurs que « les Jimmies jouent un rôle important dans le deuxième film », The Bone Temple, déjà tournée par Nia DaCosta, qui sortira en janvier prochain et explorera « la nature du mal ».

Certains Britanniques s’offusquent déjà de l’utilisation de l’image de Jimmy Savile, la révélation de ses sombres agissements ayant été un traumatisme national. Savile a notamment présenté la très célèbre émission Top of the Pops, et personne avant 2007 (date de la première accusation, classée sans suite) n’aurait pensé à remettre en cause la probité du présentateur…

Reste à voir ce que Danny Boyle et le scénariste Alex Garland feront de Jimmy Crystal dans les deux prochains volets de cette trilogie.

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