20 mars 2024

Oprah Winfrey s’est « affamée » des années pour maigrir

Oprah Winfrey a 70 ans, et derrière elle un long combat contre « la graisse animale », comme elle le dit de façon imagée. Et un long combat contre la honte aussi, intériorisation des vexations reçues pendant « plus de vingt-cinq ans » à propos de son poids.

Faire de la télé, avoir l’objectif, et le réussir, de devenir une star des talk-shows demande une volonté de fer. Et Oprah Winfrey, connue pour ses commentaires cinglants, n’en est pas dépourvue. Mais sans doute ce à quoi elle a été soumise durant si longtemps a-t-il trempé son caractère. Elle s’en est ouverte dans une émission spéciale Oprah Special : Shame, Blame, and the Weight Loss Revolution (Oprah Special : Honte, le rejet et la révolution de la perte de poids).

« J’ai été ridiculisée dans tous les talk-shows de fin de soirée pendant 25 ans et sur les couvertures des tabloïds pendant 25 ans. Je me souviens avoir d’abord pensé : "Oh, regardez ! Je suis en couverture. Et puis, j’ai lu le titre, et M. Blackwell – l’homme de goût de l’époque – m’avait qualifiée de "bossue, grumeleuse et carrément bouffonne" », se souvient amèrement celle qui a incarné Sofia dans La Couleur pourpre, en 1985.

Se moquer de son poids était « devenu un sport national ». « Pour lutter contre la honte, je me suis affamée pendant près de cinq mois, puis j’ai sorti ce tonneau de graisse que l’Internet ne me laissera jamais oublier », a-t-elle raconté dans l’émission, faisant référence à un épisode de son talk-show de 1988 dans lequel elle avait sorti un tonneau rempli de graisse pour montrer à quel point elle avait perdu du poids.

Mais « l’effet yoyo » est sans appel ! « Et après avoir perdu 30 kilos grâce à un régime liquide, le lendemain, le jour même, j’ai commencé à les reprendre. Ressentir la honte de mener un combat perdu d’avance contre le poids est une histoire bien trop familière », avoue celle qui a dû tout essayer pendant des années pour domestiquer son corps.

Adepte et représentante de l’entreprise Weight Watchers, au conseil d’administration de laquelle elle siégeait depuis neuf ans, mais dont elle a très récemment démissionné en faisant don de ses actions au Smithsonian Museum of African American History and Culture, Oprah Winfrey croit avoir trouvé enfin « la » solution à ses problèmes de poids : un médicament.

Car, malgré toutes ces années de lutte contre le poids, Oprah Winfrey n’a pas abandonné… et elle s’est laissé séduire par le médicament que (presque) tout Hollywood consomme : l’Ozempic. Cet antidiabétique injectable, fabriqué par un laboratoire suédois qui fait fortune, est en effet détourné de sa mission médicale première.

Interdit aux diabétiques de type 1, il entraîne de nombreux effets indésirables… au nombre desquels la perte de poids. Qui est donc l’effet recherché par de nombreuses personnes, et parmi elles, Oprah Winfrey, totalement conquise !

« De ma vie, je n’aurais jamais imaginé que nous parlerions d’un médicament qui donne de l’espoir à des personnes comme moi qui luttent depuis des années contre le surpoids ou l’obésité », a-t-elle affirmé. « Je viens donc à cette conversation dans l’espoir que nous puissions commencer à nous débarrasser de la stigmatisation, de la honte et du jugement pour arrêter de faire honte aux autres parce qu’ils sont en surpoids ou sur la façon dont ils choisissent de perdre ou de ne pas perdre de poids », explique-t-elle après avoir annoncé que le « documentaire » ferait la part des choses entre les faits et la controverse.

Or le choix d’Oprah Winfrey est fait, et le recours au médicament en fait partie… On est donc prié de ne pas commenter… ce serait encore attirer la honte sur celles et ceux qui ont recours au produit.

Pourtant, l’utilisation de la sémaglutide crée déjà la controverse. Robbie Williams, qui souffre de dysmorphophobie, a en a fait l’expérience après avoir vanté ce « miracle de Noël ». Car non seulement l’usage détourné d’un médicament est toujours dangereux (on se souvient des dégâts mortels du Mediator, lui aussi destiné à contrôler le diabète de type 2), mais dans ce cas précis, son usage massif par ceux qui veulent maigrir crée aussi une rupture de stocks préjudiciables aux malades qui ont besoin de leur médicament.

Et le fait de savoir que les actions de Weight Watchers ont plongé après le retrait d’Oprah Winfrey peut laisser entendre que celles de l’Ozempic peuvent encore plus grimper… et avec elle, le prix d’achat du médicament. Dans un pays où la couverture sociale est faible et peu répandue, cela peut avoir un effet catastrophique.

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