En couverture du Vanity Fair italien à quelques jours de la sortie de The Fall Guy, Emily Blunt est revenue sur les dernières dérives hollywoodiennes. Pour cause ? Son film, réalisé par David Leitch, met en scène le tournage d’une superproduction, dont l’actrice incarne la réalisatrice, Jodie Monero.
Un film dans le film qui dit beaucoup sur le statut des cascadeurs, qui infuse l'intrigue principale, mais aussi sur les rouages d’une industrie qui a énormément muté depuis l’essor des plateformes de streaming.
Lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense de l’état d’Hollywood, celle qui s’est fait connaître dans Le Diable s’habille en Prada déclare :
"Certaines nouveautés me frustrent : les algorithmes, par exemple. Je déteste ce p*tain de mot, excusez l'explétif ! Comment peut-on associer à art et contenu ? Comment pouvons-nous le laisser déterminer ce qui aura du succès et ce qui n'en aura pas ?"
"Permettez-moi de vous donner un exemple, poursuit-elle, ses propos rapportés par Variety. J'ai joué dans un film de trois heures sur un physicien, qui a eu l'impact qu'il a eu – les algorithmes ne l'auraient probablement pas compris. J'espère qu'Oppenheimer et d'autres projets similaires ne seront pas considérés comme des anomalies et que nous cesserons de traduire l'expérience créative en diagrammes.”
Effectivement, le dernier film de Christopher Nolan a approché du milliard de dollars au box-office mondial, ce qui en fait l'un de ses plus gros succès malgré tous les "défauts" communément pointés par les algorithmes (durée, classification R-rated, sujet "sérieux"). Il faut dire qu'il a fortement été poussé par le Barbenheimer, cette compétition bon enfant qui l'a opposé au film de Greta Gerwig sorti le même jour.
A l’époque, Emily Blunt louait cet événement, parce qu'il avait encouragé énormément de spectateurs à aller au cinéma : “[...] Regardez les bienfaits que cela a apporté au cinéma. Regardez ce que ça a apporté aux gens. C’était une joyeuse célébration grâce à cette diversité de films”. L’interprète de Kitty, la femme du père de la bombe H, militait donc déjà pour un Hollywood non-monochrome, audacieux, aventureux.
De son côté, Christopher Nolan lui-même disait à demi-mot ne pas croire aux algorithmes :
"Le désir du public d'être surpris, de voir quelque chose de nouveau, de voir quelque chose qu'il ne savait pas qu'il voulait, a toujours été la force la plus puissante du cinéma en salle, confiait le réalisateur au magazine Empire. C'était donc merveilleux de le constater cette année.”
Si Emily Blunt refuse les algorithmes en bloc, Ryan Gosling met un point d’honneur à éviter les projets qui se fondent sur leurs calculs. Lui aussi en couverture de Vanity Fair Italia, l’acteur reconnaît un certain bien-fondé de cette méthode, tout en redéfinissant le rôle des acteurs.rices :
"On ne peut pas battre un algorithme dans son travail. Et paradoxalement, cela m'oblige à être plus humain, à choisir des projets 'faits main' comme The Fall Guy, qui est basé sur nos expériences personnelles, nos empreintes et nos histoires, que nous avons intégrées dans les personnages."
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