Le tribunal de Téhéran a reconnu le réalisateur iranien multi-primé Asghar Farhadi, coupable de plagiat pour son dernier film Un Héros. Le cinéaste aurait repris des éléments clés du documentaire de Azadeh Masihzadeh, All Winners All Losers, un de ses anciens étudiants en cinéma.
Sorti dans nos salles en décembre dernier, Un Héros a reçu le Grand Prix lors du dernier Festival de Cannes. Le film porté par Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh et Fereshteh Sadre Orafaee suit Rahim, un homme emprisonné à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…
Le jugement est sans appel et la punition de Asghar Farhadi devrait être déterminée prochainement. Le réalisateur pourrait être contraint de remettre à Azadeh Masihzadeh "tous les revenus tirés de la projection du film en salle ou en ligne", et pourrait même être condamné à une peine de prison.
A ce jour, Un Héros a rapporté environ 2,5 millions de dollars en salles dans le monde entier.
Asghar Farhadi avait admis que son film était basé sur la même histoire vraie que All Winners All Losers, que Masihzadeh a développé en tant qu'étudiant dans un atelier documentaire que le metteur en scène dirigeait.
Lors d'une interview accordée à AlloCiné pour la promotion du film à Cannes, le réalisateur expliquait : "Il y a huit ou neuf ans, j'enseignais dans un atelier de cinéma comme je le fais souvent. Et comme un simple projet pédagogique, je proposais à mes étudiants de se diviser en groupes de deux ou trois personnes, et je leur ai moi-même transmis certaines de ces histoires que j'avais relevées dans la presse. Je leur ai aussi demandé d'essayer d'en trouver d'autres, et de faire des petits sujets sur ces personnes, sur des parcours de ce type.
Mais, là encore, ça ne dépassait pas le cadre de la réflexion et de la démarche pédagogique. C'est seulement encore plus tard, quand je revenais d'Espagne après avoir tourné Everybody Knows, à mon retour en Iran, que je me suis dit que ce concept, ce sujet qui occupait mes pensées et qui m'intéressait depuis des années, pouvait mériter que je m'y attarde davantage pour écrire une histoire qui ait ce sujet en son cœur."
Asghar Farhadi n'a pas reconnu avoir volé l'idée de son élève et a affirmé avoir fait ses propres recherches sur cette histoire vraie.
Farhadi avait poursuivi Masihzadeh pour diffamation, ce dernier a contre-attaqué en affirmant que le cinéaste oscarisé pour Une séparation en 2012 et pour Le Client en 2017, avait plagié son travail. Le tribunal iranien a tranché les deux procès en faveur de Azadeh Masihzadeh, rejetant l'affaire de diffamation et déclarant Farhadi coupable de plagiat.
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