02 mai 2024

Mon petit renne sur Netflix : les internautes vont-ils trop loin ?

Richard Gadd, le créateur de la série Mon petit renne, a-t-il dévoilé trop de détails sur son histoire personnelle ? C'est une question qui s'impose suite aux nombreuses dérives provoquées par l'engouement du programme sur les réseaux sociaux.

Si vous êtes passés à côté du phénomène, Mon petit renne raconte l'histoire d'un humoriste dont la carrière peine à décoller. Barman à ses heures perdues, il rencontre une cliente sur son lieu de travail et devient victime d'harcèlement pendant des années.

L'auteur et acteur de la série, Richard Gadd, raconte son propre calvaire, celui qu'il a vécu jusqu'en 2019. Il reconstitue également son viol subi au cours de sa carrière. Marquante et difficile à regarder, Mon petit renne appartient au genre de l'autofiction. L'auteur utilise sa propre vie et en tire un récit parsemés d'éléments romancés.

Or, pour les spectateurs, la frontière entre la fiction et la réalité n'est pas claire. Richard Gadd reste, à raison, très évasif sur l'identité de son harceleuse et de son agresseur, affirmant qu'il a changé de nombreux détails pour ne pas qu'ils se reconnaissent.

Le succès de la série a déchaîné les réseaux sociaux et de nombreux internautes jouent aux détectives pour retrouver les véritables protagonistes. Ainsi, l'identité d'une femme - présentée comme "la vraie Martha" - a été révélée et jetée en pâture sur la Toile. Quant à l'agresseur, de nombreux noms de l'entourage du créateur ont circulé, au point que l'auteur lui-même a dû poster un message d'avertissement sur son compte Instagram officiel :

"Bonjour tout le monde, des personnes que j'aime, avec qui j'ai travaillé et que j'admire - y compris Sean Foley - sont injustement pointé du doigt. Veuillez ne pas spéculer sur l'identité des vraies personnes. Ce n'est en aucun cas l'intérêt de notre série."

Ce procédé met en danger des personnes qui se voient associées à des faits qu'ils n'ont certainement pas commis, le tout sans aucune vérification, aucune preuve. De telles accusations faites sur la Toile relèvent de la diffamation.

Les médias participent à leur tour à cette mécanique, à l'instar du tabloïd britannique Daily Mail qui prétend avoir retrouvé la "vraie" Martha et publie une interview pour lui donner la parole. Là encore, sans aucune preuve de sa réelle implication dans l'histoire.

Richard Gadd a-t-il, dès lors, commis une erreur en dévoilant trop d'informations ? S'il prend un véritable risque en suscitant l'intérêt des spectateurs pour sa vie, l'auteur reste dans la légalité la plus totale. Il a modifié les noms et changé de nombreux détails pour s'assurer que les véritables personnes restent introuvables.

Dans une interview pour GQ, il précise que les premiers concernés pourraient même ne pas se reconnaître. C'est au public que revient la responsabilité de s'arrêter à ce qu'il voit, de respecter la vie privée de chacun et de ne pas franchir la limite autorisée par l'auteur.

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