01 mai 2022

Régine est morte à l'âge de 92 ans

Longtemps reine des nuits parisiennes, femme d'affaires, Régine, décédée dimanche à l'âge de 92 ans, était connue du public pour des chansons comme "La grande Zoa", "Azzurro", "Les p'tits papiers" ou "Patchouli Chinchilla".

Charles Aznavour, Barbara, Henri Salvador ou Françoise Sagan ont signé des tubes pour cette battante à la voix envoûtante et légèrement éraillée, à la personnalité pragmatique, mélancolique et pleine d'humour.

Elle a aussi fait du cinéma, figurant au générique d'une dizaine de films, comme "Jeu de massacres" d'Alain Jessua, "Robert et Robert" de Claude Lelouch ou "Les ripoux" de Claude Zidi.

Régina Zylbergerg est née le 26 décembre 1929 à Anderlecht (Belgique), de parents juifs polonais. À Aix-en-Provence, en 1941, elle échappe à la déportation grâce à des Français non juifs, à qui elle vouera une reconnaissance éternelle.

À la Libération, la famille se retrouve à Paris, où le père ouvre un bar à Belleville. Sa fille prend goût aux sorties dans les boîtes de la capitale.

Un ami lui confie l'animation d'une discothèque dans le centre de Paris, rue de Beaujolais, "le Whisky à gogo", où elle rencontre un débutant nommé Serge Gainsbourg. La jeune fille sait y mettre de l'ambiance, s'amuse parfois à danser avec un verre plein sur la tête, mais se targue de ne jamais boire d'alcool.

En 1956, elle inaugure sa première discothèque, "Chez Régine", dans le quartier latin. Suivra l'ouverture à Montparnasse du "New Jimmy's", la boîte où l'on danse des twists endiablés. "Le temps passé à dormir est du temps perdu", assurait cette infatigable fêtarde.

Surnommée "la Grande Zoa", elle ouvre des établissements de nuit à New York et Monaco, puis au Brésil et en Malaisie. Régine, alors coiffée d'un mulet aussi rouge que son boa, gérera au total une vingtaine de discothèques. Andy Warhol, Liza Minelli, les Rothschild ou les Kennedy fréquentent ses clubs.

Elle découvre le music-hall dans les années 60. Après être passée par l'Olympia, elle chante au Carnegie Hall de New York en 1969, devenant --avec notamment Edith Piaf-- une des rares françaises à avoir conquis l'Amérique.

À Paris, elle montera ensuite sur la scène de Bobino ou de la Cigale.

Parallèlement, avec son second mari, l'homme d'affaires Roger Choukroun, épousé en 1969, elle continue le business. Elle a notamment l'idée de créer une carte de membre pour que ses clients puissent aisément aller de club en club autour du monde. Jusqu'à 20.000 personnes auront cette carte, payée fort cher, dans les années 1980.

Le couple investit dans l'hôtellerie, la restauration, lance des lignes de vêtements, de parfums, parraine des croisières luxueuses...

Régine sait mobiliser les "célébrités", pour des causes importantes à ses yeux comme la lutte contre la drogue, lançant l'association "SOS Drogue international".

En 2008, son "ami", le président Nicolas Sarkozy, qu'elle accompagne en déplacement en Israël, l'élève au rang d'officier de la Légion d'honneur.

Ironie du sort, une perquisition cause en 1996 la fermeture du "Palace", club mythique qu'elle possédait depuis quatre ans, après la découverte de produits stupéfiants. En 2004, elle se sépare de la plupart de ses clubs. Et divorce de son mari.

Deux ans plus tard, elle perd son fils unique, le journaliste Lionel Rotcajg, né d'un premier mariage.

"Je suis exhibitionniste. Mais j'ai toujours été malheureuse avec dignité", lâche-t-elle, soucieuse de ne pas étaler sa peine sur la place publique.

En 2009, elle doit vendre sa discothèque "Chez Régine" de la rue de Ponthieu, longtemps rendez-vous incontournable de la jeunesse dorée parisienne près des Champs-Elysées. Celle qui disait dépenser une fortune chaque jour affirme alors être "ruinée".

Ce qui ne l'empêche pas de multiplier talk-shows et concerts. Enveloppée de son légendaire boa, à 86 ans, elle chantait encore en 2016 aux Folies-Bergères avec son entrain coutumier, "Je survivrai", reprise du tube de Gloria Gaynor.

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