Raya et le dernier dragon, doit sortir dans nos salles obscures le 14 avril prochain. Mais le dernier film des studios Disney est disponible sur la plateforme Disney+ dans plusieurs pays. En Asie du Sud-Est, le long-métrage fait déjà polémique.
Ecrit par Adele Lim et Qui Nguyen, deux scénaristes issus d'Asie du Sud (respectivement la Malaisie et le Vietnam), Raya et le dernier dragon se déroule dans un monde imaginaire. La jeune guerrière Raya va tenter de retrouver le dernier dragon afin de restaurer l’harmonie sur la terre de Kumandra, au sein d’un peuple divisé.
Lors de la promotion du film pour sa sortie sur Disney + aux Etats-Unis, l'équipe s'est réjouie que le film soit "une réponse aux agressions envers les Asiatiques aux Etats-Unis".
Dans un communiqué, l'AFP citait l'actrice américaine d'origine vietnamienne Kelly Marie Tran, qui prête sa voix à Raya : "Nous avons tous vu ces agressions se dérouler, encore, et encore... on finit par se dire parfois que le monde ne tourne vraiment pas rond". Pour rappel, en 2017 la comédienne a elle-même été victime d'attaques racistes sur les réseaux sociaux par des fans de Star Wars.
Pour Daniel Dae Kim, qui double le père de l'héroïne en VO : "C'est l'exposition qui aboutit à la compréhension, et cette compréhension change à son tour la perception". Selon lui, le fait qu'un studio comme Disney produise un film avec des héros asiatiques participe donc grandement à l'évolution des mentalités.
Pourtant en situant l'action de Raya et le dernier dragon dans un monde imaginaire où vivent cinq tribus, et sans jamais préciser la nationalité de son héroïne et des différents personnages, les studios ont semble-t-il fâché les spectateurs d'Asie du Sud-Est.
FranceInfo a interrogé Erna Mahyuni, une éditorialiste du Malay Mail qui explique : "On ne sait pas quelles sont les références de ce film. Est-ce que Raya est cambodgienne ? Thaï ? Laotienne ? Malaisienne ? Et je crois que ce qui a agacé pas mal de personnes en Asie du Sud-Est, c’est la façon dont Raya était présentée, elle est un méli-mélo de différentes cultures, et cela donne l’impression que pour Disney toutes les personnes d’Asie du Sud-Est sont interchangeables."
La journaliste regrette également que les doubleurs de ce film (Sandra Oh, Awkwafina, Gemma Chan, Daniel Dae Kim ou encore Benedict Wong) soient en majorité d'origine chinoise ou coréenne et non issus d'Asie du Sud-Est :"Ce qui est drôle c’est que la diaspora asiatique en Amérique apprécie ce film, et ils ont une bonne raison pour cela : presque toutes les doublures sont des acteurs d’origine asiatique.
Mais à part pour le rôle principal, il s’agit de personnes qui viennent de Chine, de Corée... Je ne pense pas qu’on demanderait à quelqu’un d’Asie du Sud-Est d’être dans un film qui évoque la Chine, donc pourquoi l’inverse se fait-il ?"
L'Asie du Sud-Est regroupe 670 millions de personnes qui ont des religions, des régimes politiques et des cultures différents. Il n'y a pas d'identité commune. Le site d'information a interrogé David Lim, professeur à l'Open University Malaysia, spécialiste de l’interprétation culturelle du cinéma sud-asiatique.
Il affirme :"Je pense qu’il n’y a aucun film, documentaire, dessin animé ou Disney qui puisse représenter l’Asie du Sud-Est en général. C'est une région extrêmement diverse, et il n’existe pas aujourd’hui d’identité d’Asie du Sud-Est aux contours bien définis."
L'universitaire, qui considère Raya et le dernier dragon comme un hommage aux cultures d'Asie du Sud-Est, ajoute ensuite : "Ceci étant dit, de bonnes choses peuvent émerger de ce film, qui suscite de l’intérêt. Et qui sait, il pourra peut-être motiver les habitants de cette région à s’intéresser aux cultures de leurs voisins, et peut-être aussi à s’interroger sur ce que l’Asie du Sud-Est est pour eux."
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