En plein marathon promotionnel pour Beetlejuice Beetlejuice (qui sortira le 11 septembre au cinéma), Tim Burton a reçu cette semaine sur étoile sur le Walk of Fame. Un honneur qui a visiblement touché le cinéaste américain de 66 ans, devenu très populaire auprès du public dès la fin des années 1980 grâce au premier Beetlejuice, puis à Edward aux mains d'argent, ses deux Batman ou encore Ed Wood et Sleepy Hollow.
Tim Burton était entouré de plusieurs acteurs de son nouveau film pour l'occasion : sa compagne Monica Bellucci, ainsi que Winona Ryder, Michael Keaton et Danny de Vito, qu'il a tous dirigés à plusieurs reprises.
Voici un best-of en photos et vidéos de cette journée mémorable, accompagné de la traduction de deux discours forts prononcés en son honneur.
"Tim a une vision et une compréhension uniques du cœur des hommes, commence Winona Ryder pour rendre hommage au réalisateur qui l'a révélée au grand public grâce à Beetlejuice, en 1988. Il sait parler comme personne de ceux qui sont incompris, qui sont étranges et bizarres. Il ne fait pas que les comprendre, il les célèbre. Qu'ils soient hors-normes, terrifiants ou hilarants, il leur offre de la profondeur, de l'humour, ainsi qu'une certaine galanterie. Il leur donne de la dignité. Ses héros, ce sont toujours ce genre de personnages à la marge, qu'il adore."
"On a parcouru le monde entier pour présenter Beetlejuice Beetlejuice et on n'arrêtait pas de me demander ce que ça fait de travailler avec Tim Burton, poursuit-elle. Décrire notre collaboration, c'est au fond assez difficile. Travailler avec Tim, c'est être invitée à entrer dans son imagination, dans son art. Personnellement, c'est l'une des choses les plus sacrées de ma vie. Je lui serais toujours reconnaissante pour tout ce temps passé dans son univers.
Sur le plan personnel, Tim, ton amitié a été un énorme cadeau pour moi. Quand je t'ai rencontré, j'étais cette gamine bizarre, et tu m'as aidée à affirmer ma voix, à avoir confiance en moi, à ne pas me soumettre à la conformité. Ton esprit créatif et inclusif m'a montré à quoi ressemblait une véritable collaboration artistique. En d'autres termes, tu m'as fait comprendre que le fait d'être une fille bizarre, ce n'était pas seulement ok, que c'était quelque chose à célébrer. Que c'était même plutôt cool. Tu as porté ce flambeau pour nous tous, les gens bizarres. Partout, tu nous as aidé à nous sentir acceptés, tu nous a montré qu'on avait de la valeur. Pour tout ça, je te remercie du fond du cœur."
Michael Keaton a ensuite lui aussi pris la parole, pour évoquer en détails leur collaboration sur Beetlejuice, mais aussi son soutien sans failles lorsqu'il l'a choisi pour incarner Batman.
"Vous voyez, avec Tim quand on commence un projet, en général on prend le scénario, puis (il le pose au sol) on le met de côté en se disant qu'on va plutôt inventer des trucs !, s'amuse d'emblée l'acteur. Désolé pour les répétitions, il y a deux ou trois choses que je vais vous dire ici que j'ai déjà racontées. Alors : les premières fois que j'ai rencontré Tim, on me l'avait présenté comme un jeune réalisateur talentueux, et notre échange fut parfaitement plaisant, mais quand on m'a demandé comment ça s'était passé, j'ai été obligé de répondre : 'C'est un mec super... mais je n'ai aucune idée de ce qu'il raconte !' (rires) Ce genre de discussions a eu lieu plusieurs fois, et il m'a aussi montré ses dessins, ce qui a fait que je l'aimais encore plus. J'adorais ce mec, et je comprenais qu'il avait une vision (à propos de Beetlejuice), mais je n'étais pas sûr de la comprendre. Cinq films plus tard, et après l'avoir côtoyé pendant 30 ans, je n'ai toujours aucune idée de ce qu'il raconte ! (rires). Non, sérieusement, je ne le comprends pas, mais je le ressens. Sur chaque film, je le ressens. Winona parlait tout à l'heure des 'weirdos', eh bien comptez-moi parmi vous ! Moi aussi, je me sens parfaitement à l'aise à côté de ce gars-là. Travailler avec lui, c'est tout simplement du bonheur."
"Je me souviens très bien de mon premier jour sur le plateau de Beetlejuice, détaille-t-il ensuite. J'avais plein d'idées, j'avais bossé ce personnage dans mon coin, et on n'avait pas encore fait de répétitions avec Tim. Je me rappelle parfaitement de mon appréhension, je me disais : 'J'espère que ce que je vais proposer va fonctionner.' Et là, Tim m'a proposé de faire le tour du plateau. J'ai d'abord vu les têtes réduites, je me suis dit : 'Oh. Ok.' Tous ces décors étaient tellement incroyables. Je me suis senti complètement à mon aise, et depuis, ce sentiment n'a plus jamais changé. C'est tellement bien d'être entouré d'art comme ça, et de faire partie d'un tel univers. C'est rare, et pourtant je l'ai ressenti à chaque fois que j'ai retravaillé avec Tim.
(Keaton salue alors ses partenaires de jeu de Beetlejuice, avant de parler à nouveau du cinéaste).
Tim a une telle ouverture d'esprit. Ainsi qu'une absence de prétention. Il existe des artistes prétentieux, mais là, c'est plutôt qu'il pense autrement, qu'il propose des choses inhabituelles tout le temps. Je suis sûr que c'est pareil pour les surréalistes ou les cubistes. Bref, quand il m'invite dans son monde, je suis sensible à tout cela.
Je voudrais parler un peu de Batman, à présent. Il m'avait présenté le scénario, c'était après Beetlejuice, et il m'a imposé au studio. Il a dit : 'Je veux ce mec en Batman.' Les réactions ont été dingues. Je ne les comprendrais jamais vraiment, d'ailleurs. Ce casting rendait tout le monde fou, la presse... Et Tim continuait de me soutenir. Le fait qu'il insiste autant pour moi, c'est quelque chose de très spécial, évidemment. En plus, ça a inspiré d'autres gens par la suite. Il y a des tas de personnes qui aujourd'hui font des films de super-héros, qui en tirent de gros profits, et qui sont influencés par les choix de Tim, par sa vision de ce à quoi pouvait ressembler ce genre de films. Il a tout changé. Je l'ai répété des centaines de fois, et c'est vrai.
Qui aurait pu penser que ce mec de Burbank et moi, ce petit gars d'un patelin de Pennsylvanie, allaient se réunir et créer tout cela ? Bon, peut-être que nous, on a pu y croire (rires). Alors pour citer n'importe comment Humphrey Bogart dans Casablanca : 'Tim, je crois que c'est le début d'une belle amitié.' Merci mon pote, t'es le meilleur."