A l'approche de la cérémonie des César qui se tiendra ce vendredi 23 février à L'Olympia à Paris, le journal La Tribune a commandé un sondage* dont les résultats témoignent d'"un raidissement de l’opinion sur le sujet des violences sexuelles dans le cinéma".
Intitulée "Les Français et les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma", cette étude comportait plusieurs questions, axées sur différentes tranches d'âge et interrogeant des femmes et des hommes. Parmi ces questions, certaines d'entre elles portaient sur le fait qu'il soit "convenable" ou non, pendant la cérémonie des César de "ne pas remettre le prix à un film lorsque l'un de ses acteurs ou son réalisateur est accusé (mais pas condamné par la justice) par une ou des femmes de comportement sexiste, agression sexuelle ou viol"...
En question également le fait de "ne pas financer un film", de "ne pas faire la promotion", de "ne plus diffuser à la télévision", de "ne pas rendre public un film" dans les situations pointées ci-dessus.
Il en résulte notamment qu'un Français sur deux estime qu’il est acceptable de "ne pas remettre pendant la cérémonie des Césars le prix à un film lorsque l’un de ses acteurs ou son réalisateur est accusé (mais pas condamné par la justice) par une ou des femmes de comportement sexiste". Par ailleurs, 67% considèrent comme un "progrès" qu'une personnalité condamnée ne puisse retrouver son métier après avoir purgé sa peine.
"Cette actualité qui suscite de la compassion et de la colère explique sans doute la sévérité d'une grande partie des sondés envers les hommes accusés, jusqu'à mettre à mal la présomption d'innocence", indique Chloé Morin, à l'initiative de ce sondage, dans les colonnes de La Tribune.
Notons par ailleurs que 61% des Français seraient féministes, "avec peu de différences entre les sexes, puisque 57 % des hommes et 65 % des femmes acceptent d'endosser ce qualificatif pourtant souvent vilipendé", précise le journal. Retrouver l'étude complète ici.
Rappelons que L'Académie des César avait publié un nouveau communiqué, le 18 janvier dernier, au sujet de la gestion des personnes mises en cause pour des faits de violence pour la cérémonie à venir, et les événements autour des César. Un an après avoir publié un communiqué dans le sillage de l'affaire autour des Amandiers, le bureau des César a diffusé, juste avant l'annonce des nominations 2024, un nouveau communiqué sur ce sujet, intitulé sobrement "Non-mise en lumière d'une personne éligible aux César en cas de mise en cause judiciaire".
"Le 2 janvier 2023, le Bureau de l’Académie des César avait annoncé que, par respect pour les victimes, les personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence ne seraient pas mises en lumière lors de la Cérémonie 2023.
Pour les César 2024, il a été décidé que cette mesure de non-mise en lumière serait reconduite et amplifiée pour s’appliquer à l’ensemble des dispositifs organisés par l’Académie.
Cette décision a été prise à la suite des réflexions menées par un groupe de travail dédié qui a consulté diverses personnalités au 1er semestre 2023, et qui a présenté la synthèse de ses travaux à la Chambre des Représentants (l’instance paritaire élue qui représente l’ensemble des branches professionnelles cinématographiques que compte l’Académie).
Un consensus s’est dégagé pour décider que dans l’hypothèse d'une mise en examen ou d’une condamnation judiciaire d’un·e participant·e à un film éligible pour des faits de violences, notamment à caractère sexiste ou sexuel, la personne ainsi mise en cause ne ferait l’objet d’aucune mise en lumière.
"Cette non-mise en lumière produira ses effets pour toute la durée de la procédure ou de la condamnation pénale"
Cette non-mise en lumière produira ses effets pour toute la durée de la procédure ou de la condamnation pénale, et s’appliquera non seulement le soir de la Cérémonie des César, mais également dans le cadre de tout autre dispositif organisé par l’Association pour la Promotion du Cinéma, soit pour 2024 : le Brunch du Court Métrage, la Soirée César & Techniques, la Soirée des Révélations, le Dîner des Nommés, le Dîner César & Production, la remise du César des Lycéens, Un César à l'École et Les Nuits en Or.
En pratique, sans préjudice de la présomption d’innocence, la personne mise en examen ou condamnée ne sera invitée à aucun de ces événements organisés par l’Association.
La révélation de la décision de mise en examen ou de condamnation pénale pourra être le fait de la publicité donnée à une affaire par les médias nationaux. Cette révélation pourra également venir de la victime partie civile ou de son avocat, qui pourront contacter à cet effet le secrétariat de l'Académie, lequel leur proposera de faire appel à une association ou à un organisme de défense des victimes de violences.
"La réflexion se poursuivrait après la Cérémonie 2024, afin d’évaluer ce nouveau dispositif "
Enfin, si à l'issue des deux tours de scrutin, les membres votants de l’Académie décidaient d’attribuer un César à une personne faisant l’objet d’une mise en cause judiciaire, ce vote ne donnerait lieu à aucune remise de César sur scène ni à aucun discours par ou pour la personne concernée, qui ne bénéficiera d’aucun parcours presse ni d'aucune mise en avant sur les différents supports de l’Académie.
D’un commun accord entre le Bureau et la Chambre des Représentants de l’Académie, il a enfin été décidé que la réflexion se poursuivrait après la Cérémonie 2024, afin d’évaluer ce nouveau dispositif et d’étudier toutes les pistes qui pourraient permettre de l’augmenter, tout en s’inscrivant dans le strict respect du droit des personnes mises en cause.
Le Bureau des César
La 49e cérémonie des César se tiendra le 23 février prochain. La liste des nominations a été révélée fin janvier.
Le Règne animal de Thomas Cailley part en tête des nominations aux César 2024 (12 nominations), devant Anatomie d'une chute de Justine Triet (11) et Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry (9).
* Sondage OpinionWay-La Tribune du dimanche, échantillon de 1057 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées du 7 au 8 février 2024.