Bertelsmann, un des premiers éditeurs de livres dans le monde et grand groupe de presse allemand, mais aussi groupe de télévision et de radio rassemblé sous la bannière RTL Group (plusieurs chaînes allemandes, une chaîne espagnole, et le groupe M6 en France) a annoncé vouloir se désengager de la radio et de la télévision afin de se reconcentrer sur le secteur de l'édition.
Après la vente de Prisma, la filière presse française détenue par Bertelsmann, au groupe Vivendi détenu par Vincent Bolloré, c'est désormais de sa filiale M6 dont l'allemand se sépare. Alors que plusieurs candidats au rachat étaient en lice, c'est finalement le groupe Bouygues et sa filiale TF1 qui ont remporté la mise, selon Le Figaro.
Une opération de fusion entre les deux filiales de télévision qui sera scellé par la dépense de 641 millions d’euros de la part de Bouygues, qui devrait également racheter environ 30 % des titres du groupe M6 mis en vente par l'allemand Berteslmann. Toutefois, rien ne devrait être effectif avant 18 mois, soit fin 2022, le temps de négocier ce rapprochement avec l'Autorité de la concurrence et le Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Contre toute attente, c'est Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, qui deviendra le PDG de ce nouveau groupe, union entre la première et la troisième chaîne de France qui génèrent les plus grandes recettes publicitaires du pays. Certains s'inquiètent déjà de cette fusion : la réunion de ces deux entités permettrait de capter et contrôler plus de 70% du marché publicitaire français.
Cette nouvelle entité, qui se chiffrerait à hauteur de 3 milliards d'euros, est la concrétisation de la volonté du président de M6 de répondre à la domination des différents acteurs du streaming américain sur le marché hexagonal. Un "géant" de l'audiovisuel annoncé ? Pas vraiment selon Xavier Couture, ancien patron de TF1 au micro de Sonia Devillers sur France Inter.
"Lorsque l'on parle de l'énorme groupe qui va être créé, c'est une plaisanterie", s'exclame-t-il. "Aujourd'hui, le plus gros support publicitaire de France c'est pas TF1, c'est pas M6. Même TF1 et M6 mariés feront moins de recettes publicitaires que Google. (...)
Lorsque l'on parle des audiences et de la capacité de produire de TF1 et M6, on oublie qu'en France on a laissé rentrer Disney+, qui aujourd'hui dépasse 100 millions d'abonnés dans le monde, Netflix qui a plus de 200 millions, Amazon Prime, Apple TV+...
De quoi parle-t-on ? On ne parle pas d'une méga-fusion sur laquelle [l'autorité de] la concurrence va faire son travail de bureaucratie comme à l'accoutumée, en essayant de l'empêcher pour se prouver qu'elle existe, alors qu'en fait c'est vital pour le monde de la production. C'est un nain, ce nouveau géant !" conclut-il sans appel.
Ce nouvel ensemble permettrait de proposer « l’offre la plus diversifiée en TV, radio, digital, production de contenus et technologies, au bénéfice de tous les publics et de la filière audiovisuelle française » et « l'accélération du développement d’une plateforme nationale performante combinant une offre de rattrapage et de streaming (fondée sur MyTF1 et 6play) et une offre de SVoD » selon TF1 et M6.
Mais alors, quid du sort de SALTO, service de vidéo à la demande rassemblant les programmes des deux groupes et de France Télévisions, lancé en octobre 2020 ? Affaire à suivre...