29 novembre 2023

Sylvie Tellier : ses rares confidences sur son rapport à son corps

Cette fin d'année est plutôt mouvementée pour Sylvie Tellier. Après s'être retrouvée au cœur d'une polémique suite à ses propos sur une candidate de Miss Univers, elle prépare doucement le concours Miss France. Et pour la première fois, elle sera de l'autre côté. C'est la première fois depuis 16 ans que Sylvie Tellier ne va pas participer au concours en tant que directrice du Comité. Après son départ, c'est Cindy Fabre qui a repris sa place. Ce n'est pas pour autant que l'ancienne reine de beauté a mis son amour des Miss au placard. Pour preuve, elle sera bel et bien présente lors de l'élection de Miss France 2024 qui se déroulera au Zénith de Dijon, samedi 16 décembre 2023, mais en tant que présidente du jury. Une nouvelle qu'elle avait annoncée sur son compte Instagram vendredi 17 novembre 2023. "J'ai le plaisir de vous confirmer que je suis honorée d'endosser ce rôle de présidente du jury Miss France. Je suis assez impatiente de vivre cette émission comme une première fois parce que je découvrirai comme vous les candidates Miss France", avait-elle déclaré.

Et c'est pour évoquer cette actualité qu'elle était invitée dans le podcast Long live de Lucile Woodward ce lundi 27 novembre 2023. Sylvie Tellier a abordé de nombreux sujets et parmi eux : le rapport qu'elle a avec son corps. "Certains vont me dire : 'pour toi, pour être heureuse dans la vie, il faut faire un 36, un 38'. Non, c'est que moi, je m'aime comme ça. Je pense qu'on parle beaucoup en ce moment d'inclusivité, de respect. C'est ce que je disais aux filles, si tu te sens bien en faisant du 42, je n'ai aucun problème, mais vas-y. Du moment que ton corps est tonique, fais un 42, un 44 ou un 46". La mère de famille ajoute ensuite : "Moi demain si je fais du 44, je ne vais pas m'aimer. C'est peut-être parce que ce n'est pas dans ma base de référence, mais je ne m'aime qu'en 36". "Peut-être que je ne suis pas capable de me lâcher, mais en tout cas, je me sens bien dans mes baskets". Des confidences très honnêtes.

Booba lance son agence d'influenceurs

Depuis plus d'un an, ce n'est pas forcément pour sa discographie que Booba fait parler de lui, mais bien pour sa mésentente avec Magali Berdah, celle que la plupart surnomment la papesse de la téléréalité. En effet, le rappeur reproche à la créatrice de Shauna Events d'être à la source de divers placements de produits frauduleux qui circulent sur la Toile. De son côté, l'épouse de Stéphane Teboul accuse l'artiste d'être la cause du cyberharcèlement qu'elle subit depuis maintenant plusieurs mois.

Depuis, tous les deux ont saisi la justice et espèrent avoir gain de cause. Et Booba, lui, compte bien profiter de sa nouvelle image pour servir son business. Récemment, il a informé du lancement de Starting Block, sa propre agence d'influenceurs. Une nouvelle entreprise qu'il présente comme innovante et rassemblant divers talents urbains, qu'ils viennent du milieu du stand-up, de la danse, des sports urbains ou encore du cinéma (entre autres).

Ce mercredi 29 novembre, c'est dans les colonnes du Figaro que Booba a expliqué l'objectif de sa nouvelle société. "Je voulais permettre aux talents de tous horizons, notamment les artistes et les sportifs urbains, de s'exprimer, de valoriser leurs savoir-faire et de montrer qu'un modèle plus vertueux peut exister (...) Nous accompagnons des talents qui souhaitent avoir une influence responsable et éthique, qui inspirent et mobilisent leurs communautés", a-t-il confié dans les colonnes de nos confrères. "Nous ne nous intéresserons pas dans cette agence à des profils qui ont pour activité principale la création de contenus sur Internet", a ensuite expliqué Claire Dabrowski, co-fondatrice du projet, avant de préciser un point important : "Il n’y aura pas de placements de produits".

Et pour bien démarrer son activité, le rappeur et ses collègues ont fait appel à des "talents" auxquels ils croient comme l'acteur Vincent Scalera, le champion de breakdance Dany Dann, Berthet One, un auteur de bande dessinée ou encore Poly, une tatoueuse réputée pour ses portraits plus vrais que nature. Un casting qu'ils jugent on ne peut plus prometteur.

Trailer de This is Me...Now, avec Jennifer Lopez


Ce n’est pas parce qu’on a plus de 50 ans qu’il n’est plus possible de chanter l’amour en réalisant des chorégraphies qui nécessitent une agilité évidente. Jennifer Lopez, actrice, chanteuse, performeuse inoubliable, revient sur le devant de la scène après avoir enregistré un album intitulé This is Me...Now qui sortira le 16 février 2024.

This Is Me…Now, fait écho à son album sorti en 2002 This is Me…Then, signant alors l’évolution déterminante, autant sur le plan professionnel que personnel de la superstar. Au-delà de la performance, son album de 2002 faisait référence à son idylle avec l’homme de sa vie de l’époque, Ben Affleck, avec qui elle a renoué en 2021.

Pour fêter l’événement (amoureux), Jennifer Lopez présentera This is Me…Now le film, sur Amazon Prime le 16 février prochain.

Le trailer est parsemé d’une figure aérienne, celle d’un colibri, symbole de générosité. Dans le trailer, la voix Jennifer Lopez résonne doucement "Quand j’étais une petite fille et que l’on me demandait ce que j’aimerais être quand je serai grande, ma réponse était toujours : amoureuse". Le communiqué de presse témoigne qu’il s’agit d’un “spectacle étonnant, le film est en fin de compte une ode sincère au voyage de Jennifer Lopez vers l'auto-guérison et à sa croyance éternelle dans les fins de contes de fées."

Il faudra attendre la St Valentin 2024 pour découvrir cette fresque à la fois intime et artistique de Jennifer Lopez sur le service de streaming.

Spinal Tap 2 annoncé avec Paul McCartney et Elton John au casting

Evoqué dans la foulée de la projection de Spinal Tap sur la plage de Cannes, en 2022, le projet Spinal Tap 2 se concrétise aujourd'hui. Quarante ans après l'original, la suite va lancer sa production en 2024. Le tournage débutera en février et Rob Reiner, qui avait déjà diriger le premier volet à l'époque, sera de retour à la réalisation.

Au casting, les légendes anglaises Paul McCartney et Elton John, ainsi que le chanteur country Garth Brooks feront une apparition.

Les membres du groupe Spinal Tap seront toujours incarnés par Christopher Guest, Michael McKean et Harry Shearer, tandis que Rob Reiner reviendra jouer Marty DeBergi, le journaliste à l'origine du documentaire.

Le pitch dévoile déjà quelques lignes de l'histoire : "Lorsqu'il a été annoncé que Spinal Tap se réunirait pour un dernier concert, Marty DeBergi a vu cela comme une chance d'arranger les choses avec le groupe, qui a détesté le documentaire réalisé dans le premier film. Il a donc quitté son poste d’assistant professeur dans la School of Cinematic Arts Ed Wood, pour marquer l’histoire du cinéma."

Spinal Tap est "mockumentary", un faux documentaire autour du plus grand groupe de rock du monde. Si le film s'est planté en salles au moment de sa sotie en 1984, il est devenu culte en vidéo dans les années qui ont suivi.

Le Nosferatu de Robert Eggers a une date de sortie

Après The Northman et The Lighthouse, Robert Eggers s'attaque à un mythe du cinéma : Nosferatu ! Le fameux vampire créé par Friedrich Wilhelm Murnau en 1922 sera de retour dans les salles sous les traits de Bill Skarsgård... au moment de Noël !

Focus Features annonce aujourd'hui une date de sortie pour Nosferatu au 25 décembre 2024 aux Etats-Unis. Il pourrait faire face au prochain film de Jordan Peele, pour l'instant sans titre, prévu le même jour ! A moins qu'Universal, qui distribue les deux films, ne revoit son calendrier. La date française de Nosferatu n'est pas encore connue.

"Le cinéma audacieux de Robert Eggers est toujours un cadeau pour les fans, et nous pouvons promettre que son Nosferatu sera un véritable festin de Noël" se réjouit Peter Kujawski, président de Focus Features dans un communiqué.

Nosferatu est présenté comme "un conte gothique, sur l'obsession d'une jeune femme hantée et le terrifiant vampire épris d'elle, provoquant dans son sillage une horreur indescriptible."

Nicholas Hoult, Lily-Rose Depp, Aaron Taylor-Johnson, Emma Corrin, Ralph Ineson, Simon McBurney, et Willem Dafoe sont aussi au casting.

Le Samouraï : le chef-d'oeuvre de Jean-Pierre Melville revient en 4K

A l'occasion de la ressortie du Samouraï en DVD et Blu-ray 4K -suite à son retour en salles remarqué cet été- nous repartageons notre analyse du film de Jean-Pierre Melville, initialement publiée dans Première Classics. Bonne lecture !

"Il n’est pas de plus profonde solitude que celle du samouraï, si ce n’est celle du tigre dans sa jungle, peut-être." Cette citation extraite du livre sacré des samouraïs, le Bushido, figure en exergue du Samouraï de Jean-Pierre Melville. Elle donne d’autant plus la tonalité du film… qu’elle a été inventée de toutes pièces par son réalisateur.  Comme pour nourrir sa propre légende sur laquelle il veille scrupuleusement.

Sa place a toujours été à part au sein du cinéma français et il en est parfaitement conscient. Son statut héroïque d’ancien résistant va de pair avec sa mauvaise réputation. Après trois films avec Jean-Paul Belmondo : Léon Morin, prêtre, Le Doulos et L’Aîné des Ferchaux, rien ne va plus entre les deux hommes. Ce qui incite le metteur en scène à se rapprocher de son seul rival : Alain Delon.

La première fois qu’il l’a croisé, c’était à la fin des années 50 au restaurant l’Élysées Matignon. Le réalisateur a alors tendu son agenda fétiche au jeune premier – qu’il a remarqué dès sa première apparition à l’écran en 1957 dans Quand la femme s’en mêle d’Yves Allégret – pour qu’il y inscrive son nom. En guise de porte-bonheur…

Quelques années plus tard, Jean- Pierre Melville lui propose une adaptation du roman Main pleine de Pierre Lesou. Le héros du Guépard (1963) de Luchino Visconti décline sous prétexte qu’il entend profiter de son étoile montante pour partir à la conquête du monde. Entre-temps, c’est Michel Deville qui, en 1964, porte ce polar à l’écran sous le titre de Lucky Jo avec Eddie Constantine. 

Quand Melville revient finalement à la charge, au cours de l’hiver 1966, en plein triomphe du Deuxième souffle, c’est pour proposer à Delon le rôle de Gerbier, que tiendra finalement Lino Ventura dans L’Armée des ombres. Le cinéaste se heurte toutefois à un nouveau refus de l’acteur, qui lui demande s’il n’a pas un autre sujet dans ses tiroirs. Or, raconte Melville, "en 1963, avant qu’il ne me fasse savoir qu’il se consacrait à une carrière internationale, j’avais écrit à son intention un scénario original. Je lui ai dit. D’emblée, il a tenu à ce que je lui lise. La lecture a eu lieu chez lui. Les coudes sur ses genoux, les yeux enfouis dans ses mains, Alain m’écoutait sans même bouger quand, brusquement, après avoir soulevé la tête pour donner un coup d’oeil à sa montre, il m’a arrêté :

– Cela fait sept minutes et demie que vous lisez votre scénario et il n’y a pas encore l’ombre d’un dialogue. Cela me suffit. Je fais ce film. Comment s’appelle-t-il ?

– Le Samouraï, lui ai-je répondu.

Sans mot dire, il m’a fait signe de le suivre. Il m’a conduit dans sa chambre : elle ne contenait qu’un lit en cuir, une lance, un sabre et un poignard de samouraï." Le scénario, signé par Melville et son complice Georges Pellegrin, fait cent dix-neuf pages, mais la première réplique n’est prononcée qu’à la dixième. Jane, la fille qui va servir d’alibi au tueur, se contente de prononcer son prénom : Jef. Quant au postulat, il est élémentaire car, décrète le réalisateur, "on se doit de se renouveler, même si l’on traite le même thème. L’action resserrée sur quarante-huit heures n’a que quatre personnages" : le tueur (Alain Delon), le commissaire de police (François Périer) et deux femmes (Nathalie Delon et Cathy Rosier qui débutent l’une et l’autre à l’écran).

À en croire son générique, Le Samouraï est tiré d’un roman noir intitulé The Ronin… dont il n’existe pourtant aucune trace nulle part. Pas davantage que de son auteur, un certain Goan (ou Joan) McLeod. Ce qui n’empêche pas le réalisateur de déclarer que « c’est en regardant Alain Delon, et en voyant qu’il avait un sourcil de forme japonaise, que j’ai pensé à ce roman ».

Histoire de brouiller encore un peu plus les pistes, Melville affirmait également volontiers avoir lu et aimé le roman de Graham Greene dont s’est inspiré Frank Tuttle pour Tueur à gages, même s’il trouvait que "le portrait du schizophrène comportait de grandes lacunes". Troublant écho, il définira lui-même son film comme "l’analyse d’un schizophrène faite par un paranoïaque", en l’occurrence… lui-même. Parce que, en cette année qui précède la grande révolution soixante-huitarde, le metteur en scène célèbre "la fin d’un cycle : c’est mon dixième film en vingt ans, dit-il. J’ai commencé Le silence de la mer le 10 août 1947, j’aurai fini Le Samouraï aux alentours du 10 août 19675" (il s’achèvera en fait cinq jours avant).

Le réalisateur n’est pas seulement maître du destin de ses personnages, mais du sien propre. Sa vie d’artiste est devenue une légende dont propose un aperçu saisissant l’émission de la collection Cinéastes de notre temps que lui consacrent André-Sylvain Labarthe et Janine Bazin : Jean Pierre Melville (portrait en 9 poses). Il arbore un Stetson, des lunettes noires, un trench-coat mastic et roule dans une Ford Mustang équipée d’un autoradio dernier cri. Michel Audiard s’en inspirera d’ailleurs plus tard pour le chef de gang incarné par Paul Meurisse dans Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques. Des fenêtres de sa maison de campagne de Tilly-sur-Eure, le réalisateur se targue de pouvoir contempler un panorama de western à deux cent vingt degrés. Grâce à des volets intérieurs qu’il a fait poser devant les fenêtres de sa chambre, il y travaille dans le noir absolu et, de toute façon, la nuit depuis toujours. "Si je veux écrire une continuité, explique-t-il, je suis obligé de me concentrer, de retrouver une attitude foetale dans un milieu bien fermé, bien obscur, bien à moi." 

Le personnage du samouraï, c’est autant Jean-Pierre Melville que Gustave Flaubert était Madame Bovary. Quant à l’univers dans lequel il évolue, il trahit l’une des principales préoccupations du cinéaste, "essayer d’apporter une part de rêve au spectateur en ne lui apportant pas ce qu’il voit tout le temps". Comme tous ses films depuis Bob le Flambeur, le tournage se déroulera donc pour l’essentiel aux Studios Jenner dans le treizième arrondissement de Paris, au cours de l’été 1967. Cet ancien entrepôt désaffecté d’un millier de mètres carrés, le réalisateur l’a découvert au début des années 50 et l’a fait aménager. Il le qualifie lui-même d’"échoppe de cordonnier" avec la foi d’un artisan, tout en assumant qu’"il faut être complètement fou pour avoir ses propres studios", mais en soulignant qu’il a été précédé dans cette voie périlleuse par le Bordelais Émile Couzinet et le Marseillais Marcel Pagnol. Il est tellement attaché à ce lieu qu’il en exploite inlassablement les moindres recoins, comme le souligne malicieusement Bertrand Tavernier, qui fut son assistant, dans son formidable Voyage à travers le cinéma français. Et surtout, il dort à l’étage au-dessus, ce qui lui permet de descendre parfois en pleine nuit l’escalier en colimaçon afin de tester un angle de caméra ou un effet de lumière.

Cette proximité ne lui permettra toutefois pas de faire face à l’incendie qui se déclare vers huit heures et demie du matin, le 29 juin 1967, "en un point de la toiture où ne passe aucune canalisation électrique", alors que le tournage en extérieur a débuté dix jours plus tôt et que l’équipe déco est à pied d’oeuvre. Malgré l’intervention de six casernes de pompiers deux heures durant, le feu détruit la quasi-totalité des Studios Jenner que le décorateur François de Lamothe décrit comme "une sorte de capharnaüm vétuste avec des fils électriques qui pendouillent comme des lianes". Ce jour-là, en arrivant sur les lieux, il assiste à un spectacle apocalyptique : Melville, vêtu de son pyjama et totalement trempé par les lances à incendie, déambule hagard au milieu des débris fumants. Il tient dans ses bras sa chatte Griffaulait, qu’il a réussi à sauver. "Je n’oublierai jamais cette image d’un homme défait, s’accrochant à son petit animal hirsute, raconte Lamothe, lui qui affichait toujours une élégance sévère, imposante. En quelques minutes, des jours et des nuits de travail sont réduits à néant." La presse annonce que le tournage se poursuivra à Billancourt. Mais le décorateur prend les choses en main et va trouver le directeur des studios de Saint-Maurice qui compte parmi ses amis. Celui-ci renâcle toutefois à accueillir un cinéaste qui a porté plainte contre X en émettant publiquement l’éventualité d’un acte malveillant commandité par un studio concurrent et jouit d’une mauvaise réputation justifiée par ses déclarations à l’emporte-pièce. 

Le réalisateur en veut par ailleurs à son décorateur d’entretenir une liaison sentimentale avec Cathy Rosier, mannequin martiniquais de 22 ans à qui il a décidé de confier le deuxième rôle féminin de son film après l’avoir rencontrée sur le plateau de l’émission télévisée Permis la nuit. Malgré la pression qui pèse sur ses jeunes épaules, celle-ci réussit à garder la tête froide et déclare : "Je ne lâcherai pas la proie pour l’ombre, tant que je ne serai pas sûre de réussir dans la branche du cinéma." 

Pour l’heure, son amant dispose d’une quinzaine de jours pour sauver Le Samouraï du sinistre. "Alain Delon et François Périer m’ont soutenu dans ma détermination à reprendre le tournage, raconte François de Lamothe. Ayant obtenu le plus grand plateau de Saint-Maurice, j’ai doublé mes équipes et, en à peine deux semaines, nous avons reconstruit les décors." Malgré cette perte qui se chiffre à trois millions et demi de francs (environ cinq cent mille euros), faute d’assurance, Melville refuse de baisser la garde et évoque "un coup dur qui a failli me décourager. Je tenais sentimentalement à ces studios. Mais déjà les plans sont faits et je vais les reconstruire. Ce que je regrette le plus, c’est la perte de collections personnelles et de tous les souvenirs concernant mes films précédents" parmi lesquels pas moins de vingt-deux scénarios et une demi-douzaine de chapeaux noirs de chez Gelot. "C’est passionnant d’être ruiné", fanfaronnera-t-il même plus tard.

Jean-Pierre Melville reçoit le journaliste de l’ORTF Maurice Seveno dans la chambre à coucher du Samouraï : "C’est un décor que je n’ai pas traité de façon réaliste, explique-t-il, étant donné qu’il est situé dans le vingtième arrondissement, près du métro Télégraphe, et que, par exemple, la hauteur du plafond, la forme des fenêtres, la découverte photographique que vous apercevez à travers les fenêtres, tout ça n’est pas très vrai. On ne se sent pas tout à fait à Paris. Les spectateurs ne le sentiront pas, eux. Ils subiront, sans analyser, le dépaysement qu’un décor va leur procurer et ça les aidera à s’installer un petit peu mieux dans le fauteuil." En d’autres termes, précise le réalisateur, "j’ai voulu donner à mon décor l’aspect et les dimensions d’un décor d’opéra". Selon François de Lamothe : "Pour répondre à ses volontés drastiques, j’ai imaginé une pièce austère avec des matériaux travaillés dans les camaïeux de gris. Peu d’objets, seule une cage avec un canari [en fait un bouvreuil] apporte une touche d’humanité. Des fenêtres à guillotine accentuent l’impression de mort qui rôde en permanence dans le film."

Chez Melville, le tournage est un véritable rituel où tout est ordonné. À commencer par son rapport à ses interprètes. "Je m’habille toujours comme les acteurs principaux que je dois diriger dans une scène, explique-t-il, car il est beaucoup plus facile de montrer des gestes et de se mettre devant une caméra, dans la lumière, pour expliquer à des acteurs ce qu’ils doivent faire si, de près ou de loin, on a le même aspect physique qu’eux." La théorie peut paraître fumeuse. Elle produit des effets indéniables et relève de la mythologie melvillienne qui prône une certaine idée du fétichisme vestimentaire. Selon lui, par exemple, "un homme qui tire un coup de feu avec un chapeau sur la tête est bien plus impressionnant qu’un homme nu-tête. Le port du chapeau équilibre un peu le revolver au bout de la main". Par ailleurs, sur le plan formel, Jean-Pierre Melville encourage son fidèle opérateur Henri Decae à filmer les extérieurs à l’aide d’une caméra de reportage qu’il tient le plus souvent lui-même à bout de bras afin de reproduire aussi fidèlement que possible le mouvement permanent qui rythme ce film d’action, comme ils en ont pris l’habitude depuis leur première collaboration sur Le silence de la mer. "Je ne peux m’entendre en vérité qu’avec un opérateur qui sait qu’on peut tout faire, explique le réalisateur. À partir du moment où on sait qu’il va y avoir quelque chose sur la pellicule, il faut oser. Alors que la majorité des opérateurs veulent le maximum de lumière et diaphragmer au maximum, Decae, au contraire, laisse ouvert et éclaire peu." Pour la séquence au cours de laquelle Delon change les plaques minéralogiques d’une voiture volée, cela ne l’empêchera pas d’avoir recours à un groupe électrogène… que Melville s’empressera de remplacer par un compteur de quinze ampères, nettement insuffisant pour éclairer l’ensemble du décor. Résultat : le chef opérateur stressé finira le tournage en se faisant porter pâle. Quant à la dernière scène filmée entre Alain et Nathalie Delon, où il lui embrasse les cheveux, elle coïncidera avec la rupture définitive du couple dans la vie et fera dire à Melville qu’"ils se sont définitivement quittés le soir même". 

L’accueil réservé au Samouraï est moins unanime que ne pourrait le faire croire sa glorieuse postérité. Certains observateurs relèvent des invraisemblances criantes et contestent certaines ellipses qui nuisent à la compréhension voire la propreté bien peu réaliste du Quai des Orfèvres.

Au moment de la sortie, le 25 octobre 1967, avant tout inquiet des réactions du public, qu’il a un besoin impératif d’attirer en nombre pour compenser la perte de son studio et assurer ses arrières, Jean-Pierre Melville n’hésite pas à se poster en personne à la sortie de certaines salles qui programment Le Samouraï afin d’y questionner les spectateurs sur les motivations qui les ont conduits à le choisir plutôt qu’un autre. Lui qui soutient qu’"il ne faut pas frustrer le spectateur ni le bluffer", il peut ainsi juger sur pièces de l’impact du bouche-à-oreille et annoncer un peu partout un projet qui ne verra jamais le jour : une nouvelle adaptation de La Chienne de Georges de La Fouchardière, déjà porté à l’écran par Jean Renoir et Fritz Lang. Il tournera en lieu et place L’Armée des ombres (1969).

Quant à Delon, c’est Le Samouraï qui fera ironiquement de lui une légende au Japon. Le film lui-même deviendra une référence incontournable pour bien des cinéastes, asiatiques comme occidentaux, tels que Martin Scorsese, Rainer Werner Fassbinder, Quentin Tarantino, Michael Mann. Il inspirera aussi Police Python 357 à Alain Corneau, The Killer à John Woo, Ghost Dog, la voie du samouraï à Jim Jarmusch et Vengeance à Johnnie To dans lequel le personnage campé par Johnny Hallyday se nomme Francis Costello, en hommage au Jef Costello immortalisé par Alain Delon… 

Le réalisateur Cédric Jimenez fait un documentaire sur Emmanuel Macron

L’année 2024 s’annonce chargée en événements en France : les Jeux Olympiques durant l'été, le 80e anniversaire du Débarquement, la réouverture du Notre-Dame… Et côté cinéma, la Tribune a annoncé qu’un documentaire secret était en cours de réalisation sur Emmanuel Macron. Marchant dans les pas de Raymond Depardon et son film 1974, une partie de campagne, qui suivait la l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, Cédric Jimenez supervise le projet.

Cinéaste connu pour ses thrillers policiers réalistes tels que La French (2014), Bac Nord (2021) et Novembre (2022), Cédric Jimenez s’écarte de la fiction pour ce film documentaire centré sur le Président de la République. Le projet est né en 2021 et a changé plusieurs fois de direction. Initialement prévu pour suivre la campagne de réélection de Macron, il a été décidé de poursuivre le tournage du film suite aux bouleversements de la guerre en Ukraine pour raconter ce second mandat mouvementé.

Deux journalistes reporter d’images (JRI) suivent le Président comme son ombre depuis le début du tournage afin de récolter un maximum d’images pour le documentaire final. Ils l’ont notamment accompagné à la Coupe du Monde au Qatar ou encore au Kazakhstan et en Ouzbékistan lors de visites diplomatiques. Aucune autre information n’a été dévoilée sur le mode de diffusion du film ou une date de sortie. Selon la Tribune, “une sortie au cinéma n’est pas exclue”. Si cette option se confirme, une question se pose : quel sera le score au box-office pour le Président de la République ?

The Boys : un nouveau spin-off est prévu sur Prime Video

Direction le Mexique pour The Boys. Deadline vient de révéler que Prime Video a donné le feu vert à un nouveau spin-off de la série super-héroïque. Ce sera la troisième dans le genre, après Gen V - qui suit de jeunes sup’ à l’école de la Vought Internationale - et l’animé Diabolical.

Mais ce sera la première fois que la série adaptée des comic books se déplace dans un autre pays. The Boys : Mexico est co-produit par deux acteurs sud-américains que l’on connaît bien, à savoir Diego Luna et Gael García Bernal. Ces derniers pourraient d’ailleurs y tenir des rôles mineurs. L’écriture a quant à elle été donnée à Gareth Dunnet-Alcocer, déjà à l'œuvre sur une production DC sortie cet été, Blue Beetle.

Mais de quoi parlera donc The Boys : Mexico ? Aucun script n’a été écrit pour le moment et le casting n’a toujours pas été lancé, toujours selon le média américain. Il faudra donc faire preuve d’un peu de patience avant d’avoir les premières informations et les premiers noms. Reste à savoir aussi si les différents univers seront entremêlés, avec l’apparition de certains personnages phares tels que Butcher (Karl Urban), Hughie (Jack Quaid) ou encore le Protecteur (Antony Starr).

On pourra toujours pallier cette attente avec la saison 4 de The Boys, qui devrait logiquement faire son retour sur Prime Video en 2024. Et sur la saison 2 de Gen V qui a été annoncée il y a quelques mois. L’engouement autour des sup’ devrait durer encore un petit moment.

27 novembre 2023

Fargo ; la saison 5 sera diffusée sur Canal+ en 2024

La série Fargo, dérivée du film culte des frères Coen, trouve enfin un nouveau diffuseur en France. Alors que la plateforme tricolore a fermé ses portes, c'est Canal + qui va récupérer l'anthologie et qui diffusera la saison 5, portée par Juno Temple et Jon Hamm.

Ils incarneront une mère de famille au passé trouble traquée par un shérif impitoyable dans une petite ville du Midwest.

Jennifer Jason Leigh, Joe Keery, Lamorne Morris, Sam Spruell et Dave Foley complètent le casting. 

En bonus, Canal+ décroche en même temps les droits des 4 premières saisons de Fargo, qui seront accessibles aux abonnés (la saison 1 avec Billy Bob Thornton et Martin Freeman, la saison 2 avec Kirsten Dunst et Jesse Plemons, la saison 3 avec Ewan McGregor et Mary Elizabeth Winstead, et la saison 4 avec Chris Rock), ainsi que le film Fargo, de 1996.

Ces quatre premières saisons et le film des Coen seront disponibles sur Canal+ dès le 20 décembre 2023. En revanche, il faudra attendre 2024 pour voir la saison 5 inédite, qui vient de débuter sa diffusion aux Etats-Unis.

Vincent Cassel n'a qu'un seul regret dans sa carrière

En (déjà...) plus de trente ans de carrière, Vincent Cassel s'est plus que largement révélé être très éclectique dans ses choix artistiques, pas toujours heureux, mais toujours à l'aise dans les changements. De Mesrine dans le dyptique de Jean-François Richet au méchant frenchy de la série Westworld, en passant par les trois mousquetaires, Black Swan, Sur mes lèvres de Jacques Audiard, Mon roi chez Maïwenn ou une incursion chez Xavier Dolan dans Juste la fin du monde. Bref, un spectre (extra) large.

Et le comédien n'a pas beaucoup de regrets dans sa carrière. En fait, il n'en a qu'un seul, comme il l'a expliqué à Pierre Lescure dans son émission Beau geste, consacrée au cinéma et diffusée sur France 2.

Lequel en l'occurrence ? Celui de ne pas avoir joué dans le film Les Misérables de Ladj Ly, sorti en 2019, qui repartira, entre autre, auréolé de 4 César en 2020 dont celui du Meilleur film français de l'année.

"Je n'ai qu'un regret, un seul, et pourtant c'était un petit rôle. Ladj Ly m'avait appelé pour faire un rôle dedans, et c'était à un moment un peu compliqué du reste de ma vie. Et donc j'étais en train de jongler... J'ai dit "écoutes, je ne pourrai pas, je ne peux pas me bloquer..." Et lorsque j'ai vu le film... En fait même pas. Quand j'ai vu la bande-annonce, je me suis dit : "pauvre con !" Je l'ai alors appelé, et je lui ai dit : "Ladj, je n'ai jamais eu de regret, mais là, j'ai été nul".

Côté actualité, on rappelle que l'acteur est à l'affiche des Trois mousquetaires : Milady, en salle le 13 décembre prochain.